Essor de la Chine et programmes pour les filières durables ˸ le cas des standards transnationaux volontaires de l'huile de palme

Rising China and Sustainable Value Chains programmes˸the case of palm oil transnational sustainability standards

• Auteur / Autrice : Flavia Fabiano
• Direction : Paule Moustier, Benoît Daviron
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Sciences économiques
• Date : Soutenance le 25/11/2022
• Etablissement(s) : Montpellier, SupAgro
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Economie Gestion de Montpellier
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : MOISA - Marchés, Organisations, Institutions et Stratégies d'Acteurs - SupAgro, 2 Place Pierre Viala, 34060 Montpellier Cédex 2
• Jury : Président / Présidente : Florence Palpacuer
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Paule Moustier, Benoît Daviron, Florence Palpacuer, Elsa Lafaye de Micheaux, Alain Karsenty, Jeffrey Neilson, Yixian Sun
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Elsa Lafaye de Micheaux, Alain Karsenty

Mots clés

Mots clés libres

Standard de durabilité

Chaine globale de valeur

Huile de palme

Chine

Économie politique internationale

China

Sustainability standard

Global value chain

Palm oil

International political economy

Résumé

L'essor de la Chine représente un changement tectonique dans l'économie mondiale et dans les normes et les institutions qui la régissent. Un exemple concerne les standards transnationaux volontaires de durabilité (TVSS). Alors que le revenu moyen chinois augmente et que l'État chinois renforce son engagement dans la promotion de la durabilité, un débat croissant porte sur la montée en puissance de la Chine comme entravant ou favorisant le TVSS. Cette thèse vise à démêler cette controverse, en apportant un éclairage sur le changement institutionnel et la promotion de la durabilité dans un monde de plus en plus multipolaire. La thèse s’appuie sur l'étude de cas du TVSS lié à l'huile de palme, la Table Ronde pour une Huile de Palme Durable (RSPO). Elle commence par interroger la dynamique de diffusion de RSPO en Chine. Ensuite, avec un focus sur les acteurs privés, elle interroge le rôle de la montée de la Chine sur l'évolution de la structure de la chaîne de valeur de l'huile de palme et de ses « lead firms ». Enfin, elle interroge la manière dont l'État central chinois aborde les initiatives de chaînes de valeur durables parmi ses stratégies de relations internationales plus larges. La recherche s'inspire des concepts clés des littératures traitant des standards de durabilité et de la Chine dans la globalisation et utilise une perspective mixte entre Chaîne Globale de Valeur et Economie Politique Internationale. Elle s'appuie sur des méthodes de recherche qualitatives, tirant des informations d'un grand nombre d'entretiens semi-structurés, complétés par de la littérature grise, des documents officiels et des bases de données sur le commerce international. Cette enquête a produit plusieurs résultats. Le premier est qu'il y a une ouverture en Chine concernant l'huile de palme durable. Une telle ouverture a été stimulée par les tentatives de diffusion de la RSPO, mais ne se traduit pas par un succès de la certification. L’approche émergente chinoise relative aux filières durables consiste en la reconnaissance d'une multiplicité d'outils existants, notamment ceux promus par les acteurs de l'amont de la filière et dans les pays producteurs d'huile de palme. Cette approche renforce le rôle global de ces outils, au-delà leur dimension locale. Le deuxième résultat est que la diffusion limitée de RSPO peut s'expliquer par la structure de la chaîne globale de valeur de l'huile de palme, qui n'est pas gouvernée par les « lead firms » nord-américaines et européennes en aval. Les entreprises clés des chaînes globales de valeur de l'huile de palme sont les sociétés transnationales Sud est-asiatiques, concentrées dans le nœud intermédiaire en amont du raffinage et du commerce. L'essor de la Chine a joué un rôle important, en termes de marchés, mais aussi de base industrielle et de soutien politique à l'essor de ces entreprises, qui sont devenues des passerelles entre les économies d'Asie du Sud-Est et de la Chine. Le troisième résultat est que le soutien de l'État chinois aux initiatives des États producteurs s'explique en partie par l'évolution des intérêts chinois dans les relations internationales. L'approche chinoise à la coopération internationale et aux négociations environnementaux est définie par son appartenance à l'alliance du « Sud Global » et le principe connexe de non-ingérence. Cette alliance gagne en importance pour l'intégration chinoise dans l'économie mondiale, alors que les pays du « Sud Global » deviennent des marchés importants pour les exportations chinoises à haute valeur ajoutée. Néanmoins, les avantages de se forger une réputation de puissance responsable poussent la Chine à s'engager de plus en plus dans des initiatives transnationales de chaînes de valeur durables soutenues par l'Occident. Ensuite, la Chine s'engage dans ces programmes de manière sélective, privilégiant les initiatives et les outils qui bénéficient d'un large consensus international et qui ne sont pas contestés par les pays du Sud Global.

The rise of China represents a tectonic shift in the global economy and in norms and institutions regulating it. One example concerns Transnational Voluntary Sustainability Standards (TVSS). As Chinese average income grows and as Chinese state increases its engagement in the promotion of sustainability, academic literature questions whether the rise of China would hinder or favour the international diffusion and hence the effectiveness of TVSS. This thesis aims to enlighten this controversy, providing insights on institutional change and promotion of sustainability in an increasingly multipolar world. The thesis investigates the case study of the palm oil-related TVSS, the Roundtable for Sustainable Palm Oil. It starts by questioning the dynamics of diffusion of RSPO in China. Then, it focuses on corporate actors, by questioning the role of the rise of China over the evolution on the structure of the palm oil value chain and its lead firms. Finally, it questions how Chinese central state approaches green value chains initiatives among its broader international relations strategies. The research draws key concepts from sustainability standards and Global China literature and employs a mixed Global Value Chain and International Political Economy perspective. It relies on qualitative research methods, drawing information from a large number of semi-structured interviews, complemented by grey literature, official documents and international trade databases. This investigation produced several results. The first is that there is an opening in China concerning transnational green palm oil approaches. Such opening has been spurred by the tentative diffusion of RSPO, but it is not tailored on the uptake of the standard. Instead, the emerging Chinese approach consists in multiple and diversified responses by relevant corporate and state actors to RSPO and in the recognition and support of other existing tools promoting palm sustainability, such as those promoted by actors in the upstream of the chain and in palm oil-producing countries. This approach strengthens the latter’s international reach, beyond their local dimension. The second result is that the palm oil global value chain is not driven by North American and European downstream lead firms. Key corporate actors of palm oil GVC are South-East Asian TNCs, concentrated in the up-midstream node of refining and trading. The rise of China has played a significant role, in terms of markets, but also industrial basis and political support for the rise of these firms - often funded and chaired by entrepreneurs from the Overseas Chinese diaspora -which have emerged as bridges between South-East Asian economies and China. Their centrality in the GVC and their embeddedness in the East and South East Asian region weaken the diffusion of Northern and downstream led governance tools, such as RSPO, while favouring the emergence of upstream-led initiatives. The third result is that actors directly linked to Chinese central state participate in green value chains initiatives by reshaping their focus away from contested market-based approaches, such as TVSS, to more internationally consensual state-led ones. This stance indicates that China’s reshaping of international norms and institutions conveys claims made by Global South alliances, to which China is bounded since the 1955 Bandung Conference. These alliances are increasingly important for China, not only politically and militarily but also economically and for the success of key initiatives, like the Belt and Road Initiative.