Thèse soutenue

Restructuration des répertoires langagiers de migrant-e-s de la République du Congo en Lorraine
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Peter Reimer
Direction : Fabienne LeconteJürgen Erfurt
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage - linguistique
Date : Soutenance le 09/12/2022
Etablissement(s) : Normandie en cotutelle avec Johann-Wolfgang-Goethe-Universität (Francfort-sur-le-Main, Allemagne)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normandie Humanités (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire dynamique du langage in situ (Mont Saint Aignan, Seine-Maritime ; 2017-.....)
Etablissement de préparation de la thèse : Université de Rouen Normandie (1966-....)
Jury : Président / Présidente : Mehmet-Ali Akinci
Examinateurs / Examinatrices : Fabienne Leconte, Jürgen Erfurt, Clara Mortamet, Ulrich Mehlem, Christine Hélot, Andrea Gremels, Roland Spiller
Rapporteurs / Rapporteuses : Clara Mortamet, Ulrich Mehlem

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse étudie la complexité du plurilinguisme des migrant·e·s d’origine de la République du Congo en Lorraine à travers le prisme de la restructuration des répertoires langagiers. Introduit dans les années 1960 par John J. Gumperz, la notion de répertoire langagier est centrale dans les études sociolinguistiques. Elle a connu une évolution importante du répertoire d’une communauté linguistique présupposée plutôt homogène au répertoire langagier et sémiotique d’individus vivant dans un monde superdivers marqué par la mondialisation, les mobilités et les moyens de communication électronique. En affûtant la conceptualisation de la restructuration des répertories langagiers par l’étude du plurilinguisme des migrant·e·s d’origine congolaise, cette recherche ouvre de nouvelles perspectives pour les recherches portant sur le plurilinguisme, notamment concernant les mobilités transgénérationnelles et la diversité des processus de restructuration façonnant les répertoires langagiers.En se focalisant sur les biographies langagières et migratoires de 15 individus migrants, sur leurs réseaux sociaux et sur leurs ressources langagières, cette étude révèle la diversité des processus et des facteurs au cœur des restructurations des répertoires langagiers à travers une étude ethnographique multi-située en Lorraine et au Congo. La compréhension de la diversité des dynamiques restructurant les connaissances langagières des enquêté·e·s passe par l’étude des situations de socialisation langagière au Congo dans leur historicité, des itinéraires de migration et des restructurations des réseaux sociaux ainsi que des répertories langagiers dans l’installation en Lorraine. Les participations à la société lorraine et ses groupes sociaux imprègnent les identifications, les orientations sociales et les positionnements dans les réseaux sociaux et vice-versa.En effet, la diversité des instances de socialisations langagière au Congo, qui sont imprégnés de la colonisation, des migrations de générations antérieures et des guerres civiles des années 1990, contribue à des différences considérables de connaissances langagières et de restructurations des répertoires langagiers. Les répertoires langagiers apparaissent comme des enregistrements de la mobilité des individus et de celle des générations antérieures ainsi que de leur entourage. Les restructurations concernent entre autres les ressources associées au français, aux langues congolaises et à d’autres langues appropriées par la migration. Les ressources du français sont restructurées par les migrant·e·s en s’appropriant les ressources courantes dans différentes situations sociales en Lorraine, en marquant et/ou en dissimulant les ressources appropriées ailleurs et inappropriées dans ces situations. En même temps, un savoir de différenciation des ressources, dont font aussi partie les schémas de catégorisation et les stratégies communicatives, est développé et une (in)sécurité langagière se manifeste. Les ressources associées aux langues congolaises, leurs fonctions sociales et de leurs représentations sont restructurées dans des processus d’attrition, d’actualisation, de transformation et d’élaboration langagière. Les ressources associées à d’autres langues européennes appropriées par la migration sont reléguées au second plan et se perdent lentement par manque d’usage. Enfin, les connaissances liées à la gestion du plurilinguisme, de la diversité culturelle et de l’altérité, appropriées dans les mêmes situations de diversité, aident au traitement interne des expériences des mobilités spatiales et sociales ainsi que des restructurations des répertoires langagiers.