Thèse soutenue

« Copier pour être original » : La mimésis créative chez Jean Cocteau

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Yuki Taguchi
Direction : Pierre-Marie Héron
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : LITTERATURES FRANCAISES, COMPAREES spécialité Littérature française
Date : Soutenance le 18/11/2022
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Représenter-inventer la réalité du romantisme à l'aube du XXIe siècle (Montpellier) - Représenter- Inventer la Réalité- du Romantisme au XXIe siècle / RIRRA 21
Jury : Président / Présidente : Serge Linares
Examinateurs / Examinatrices : Hiroyuki Kasai
Rapporteurs / Rapporteuses : Guy Ducrey

Résumé

FR  |  
EN

Comme le confirme son manifeste éthico-esthétique de 1918 – « Un artiste original ne peut pas copier. Il n’a donc qu’à copier pour être original » –, Jean Cocteau ne cesse d’explorer le potentiel créatif de l’imitation dans l’ensemble de ses oeuvres. Avant l’arrivée des années 1920, où il « copie » une série de chefs-d’oeuvre tels Antigone, OEdipe-Roi ou le mythe d’Orphée, sa créativité soi-disant mimétique s’exprime d’ores et déjà dans sa dizaine de proses narratives écrites entre 1907 et 1913, et est attestée définitivement dans Le Potomak (1919). Bien qu’elles soient teintées des influences d’auteurs fin-de-siècle comme Wilde, Gautier, D’Annunzio, Jean Lorrain, Barrès, ou Jacques d’Adelswärd-Fersen, les nouvelles de jeunesses de Cocteau tendent à tirer profit de la fonction cathartique de la mimésis, lui permettant d’exprimer son mal-être intime lié à la mort traumatique, son penchant homosexuel, l’angoisse de l’influence des modèles littéraires, ou encore la soif de gloire. L’équivoque problématique de l’imitation servile et de l’imitation novatrice se résout significativement avec la rédaction, entre 1913 et 1914, du Potomak : dans ce roman autobiographique, marquant sa « mue » existentielle, le poète s’approprie ouvertement l’idée nietzschéenne du « devenir-artiste », tout en y tissant des références intertextuelles qu’il emprunte aux textes de divers auteurs (Rimbaud, Baudelaire, Mallarmé, Rodenbach, Catulle Mendès, Gide, Jarry, etc.) qui avaient orienté la formation de son identité littéraire. L’émancipation du Moi artistique, s’opérant parallèlement avec la mise au point de l’écriture mimétique, confirme le rôle prépondérant de Nietzsche dans l’évolution de la poétique coctalienne de « Copier pour être original », qui s’élabore sans cesse dans une tension entre identification et différenciation.