Thèse soutenue

L'architecture des maisons de villégiature tunisiennes : Entre vision de la mer et la dar comme référence. Les exemples de Tunis et de Hammamet (1900-1980)

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Auteur / Autrice : Marwa Hlel
Direction : Jean-François Pinchon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Architecture
Date : Soutenance le 16/11/2022
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (Montpellier) - Centre de Recherches Interdisciplinaires en Sciences humaines et Sociales de Montpellier / CRISES
Jury : Président / Présidente : Esteban Castañer Muñoz
Examinateurs / Examinatrices : Imen Ben Youssef Zorgati
Rapporteurs / Rapporteuses : Nabila Oulebsir

Résumé

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Tisser entre le savoir et la technique d’une part, et les nouvelles stratégies de conception et de construction d’autre part, les maisons de villégiature de la Tunisie sont construites sur la base de la culture et l’architecture locale et de la sensibilité environnementale. Cette approche référentielle a engendré des registres formels spécifiques sur le plan esthétique et fonctionnel. Pareillement, les données paysagères, historiques, sociales, politiques et économiques ont eu un rôle majeur dans le développement de conceptions spatiales, de mode de vie des villégiateurs et de la réputation nationale et internationale de certaines localités côtières. Dans le cadre de cette recherche, nous nous sommes intéressée à deux localités tunisiennes dont les noms sont la banlieue nord de Tunis et Hammamet. Au début des années 1900, la première était déjà un lieu privilégié de villégiature beylicale alors que la deuxième présente une simple bourgade qui s’apprête, grâce à son paysage sauvage et sa lumière, à acquérir une notoriété tant sur le plan international que régional. Le plus captivant des faits est que ces localités ont été élues lieu de villégiature par une poignée d’esthètes et de dilettantes fortunés européens ayant construit leurs maisons esthétisées et leurs jardins à proximité de la mer, et ayant établi une nouvelle manière d’occuper et de vivre le lieu. Ils ont été suivis par nombreux Occidentaux et progressivement par les Tunisiens qui ont investi les maisons de ces villégiateurs étrangers ou en construisant leurs propres demeures. L’évolution de l’architecture des maisons de villégiature conçues par et pour les villégiateurs occidentaux, nous a conduit à s’intéresser aux expériences de ces étrangers et leurs attachements à notre pays qui se manifestent par la référence aux coutumes locales et surtout à la maison traditionnelle, dar, en concevant des demeures reliées selon des approches variées à la mer. L’étude analytique et réflexive d’un échantillonnage de ces maisons construites entre les années 1900 et 1980 constitue un véritable enjeu pour ce travail de recherche. Elle nous a permis de vérifier l’hypothèse de trois modèles de villégiature. Le «modèle arabisant expressif » caractérise les bâtisses de la banlieue nord de Tunis (La Marsa et Sidi Bou Saïd) particulièrement durant la période de 1900 à 1930. Il se distingue par un recours aux éléments architectoniques et stylistiques ayant des propriétés signifiantes. Le « modèle abstrait » émerge entre les deux-guerres. Il est fondé, entre outres, sur l’architecture vernaculaire et son rapport avec le milieu naturel afin de constituer des formes simples, épurées, dénudées et fonctionnelles. C’est surtout par ce modèle qui s’opère le passage de la critique négative de la dite maison arabo-musulmane à l’acceptation, la valorisation, l’adaptation et la modernisation de celle-ci. Enfin, le « modèle modernisé » qui présente une modernité tempérée de la maison à cour intérieure (weset el dar), intègre les nouvelles stratégies d’organisation et de design. Il regroupe également les maisons de style moderne dans lesquelles la référence à la tradition se traduit par un griffage des motifs architecturaux tunisiens.Dans cette thèse, la question de la référence à l’architecture traditionnelle et celle de la vision de la mer sont mises au centre de la recherche. Elles nous ont mené à interroger les tendances occidentales importées, et surtout la présence d’une réelle ambition à créer un métissage cohérent entre tradition et modernité. Un regard pluriel et métissé fut alors porté sur les architectures étudiées, leurs émergences, leurs lieux d’implantation et leurs concepteurs. Il nous a permis d’exprimer une vision patrimoniale de cet héritage récent, patrimoine futur.