Thèse soutenue

Construction des Politiques des Indications Géographiques en Equateur

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Auteur / Autrice : Santiago Rafael Villota Sandoval
Direction : Claire Delfosse
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie, Aménagement, Urbanisme
Date : Soutenance le 01/07/2022
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Laboratoire : Laboratoire d'études rurales (Lyon)
Jury : Président / Présidente : Salma Loudiyi
Examinateurs / Examinatrices : Maxime Michaud, Denis Sautier
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Rieutort, Claire Thuillier-Cerdan

Résumé

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Les indications géographiques (IG) se développent dans le monde entier, car elles sont censées mieux protéger le patrimoine agroalimentaire et stimuler le développement rural. Dans les pays du Sud et en développement, cette croissance est souvent soutenue par des pays ou des institutions de l’Occident, qui offrent leur expertise dans le domaine tout en défendant leurs propres intérêts économiques et politiques. L'Équateur a commencé le processus de reconnaissance des IG en 2009. Devant les défis rencontrés, le pays bénéficie depuis 2015 de l'appui d'une institution française, l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO), et suit le modèle français pour adopter ses lois, règlements et cahiers des charges des produits et pratiques de production IG. Dans le cadre de cette initiative, le gouvernement équatorien a reconnu 6 IG, notamment pour des produits tels que le café et le cacao. L'Équateur est donc un bon cas pour analyser comment les processus internationaux de reconnaissance des IG sont adaptés dans un contexte local différent. Dans cette thèse, je m’appuie sur l'exemple de trois IG équatoriennes : l'IG «Cacao Arriba» (élaborée sans aucun soutien international en 2008), l'IG «Café de Galápagos» (élaborée avec le soutien et les directives de l'INAO en 2015) et enfin la reconnaissance de l'IG «Miske» (élaborée avec le soutien de l'Union européenne et de l'INAO en 2020). Ces trois études de cas serviront à mettre en évidence et à explorer la diffusion mondiale des IG en tant que modèle politique pour la protection du patrimoine agroalimentaire. Je décrirai les différents résultats obtenus pour chaque cas d'IG, puis réaliserai une comparaison globale pour étudier comment ceux-ci diffèrent les uns des autres. Pour cela, j'utiliserai les données recueillies à partir de trois niveaux d’observation : 1) au niveau macro du contexte juridique de l'Équateur, de son appartenance à des organes de gouvernance régionaux et internationaux, et de la structure institutionnelle de la gestion des IG ; 2) au niveau méso du travail de terrain effectué avec l'Union européenne (UE) et l'INAO dans le cadre de l'accord de collaboration existant entre ces deux institutions et le gouvernement équatorien ; et 3) au niveau micro par une exploration approfondie de la reconnaissance de ces IG auprès de différents acteurs équatoriens. Ces données ont été recueillies au moyen de différentes méthodes (entretiens, analyses de documents et d'observations directes) au cours de plusieurs périodes de travail sur le terrain en Équateur (Quito, îles Galápagos, Loja, Manabi), auprès de différents acteurs, institutionnels (autorités d'institutions nationales) et professionnels (producteurs, transformateurs, revendeurs et grossistes de café et de cacao). Dans cette thèse, je montre comment l'établissement des IG équatoriennes a été conditionné par l'orientation historique de la politique agricole du pays vers la compétitivité dans les secteurs de produits d'exportation tels que le café et le cacao. Je me concentrerai sur trois situations spécifiques : 1) comment la création de l'IG «Cacao Arriba» n'a pas fait l'objet d'une analyse complète pour son bon fonctionnement ; 2) comment l'adoption généralisée d'un modèle européen pour la gestion de l'IG «Café de Galápagos» n'a pas pris en compte des enjeux comme le patrimoine des îles, les défis du secteur du café des Galápagos et la capacité de l'organisation collective des producteurs à gérer la production et la commercialisation sous IG ; 3) comment grâce aux deux cas précédents et aux recommandations de l'UE et de l'INAO la reconnaissance de l'IG «Miske» a été réalisée. Ces trois exemples montrent clairement la nécessité de prendre en compte les contraintes culturelles, politiques et sociales dans la définition des IG afin qu'elles puissent jouer un rôle important en tant qu'outil de développement rural.