Plaisir, souffrance au travail et risque de burn-out chez des dirigeants et dirigeantes de PME : approche clinique, projective et analyse discursive

Pleasure, Suffering at Work and risk of burnout among SME managers : clinical and projective approach and discursive analysis

• Auteur / Autrice : Marie-Claudine Sautereau
• Direction : Joëlle Lighezzolo, Martine Batt
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Psychologie
• Date : Soutenance le 06/12/2022
• Etablissement(s) : Université de Lorraine
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SLTC - Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (Lorraine)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Interpsy-ETIC (Metz ; 2009-...)
• Jury : Président / Présidente : André Mariage
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Joëlle Lighezzolo, Martine Batt, Valérie Ganem, Gilles Arnaud
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : André Mariage, Valérie Ganem

Mots clés

Mots clés contrôlés

Épuisement professionnel

Psychologie

Stress lié au travail

Santé et hygiène

Chefs d'entreprise

Mots clés libres

Plaisir au travail

Souffrance au travail

Burn-Out

Genre

Dirigeants de PME

Approche clinique

Pleasure at work

Suffering at work

Burnout

Gender

Chief Executive Officers of SMEs

Clinical approach

Résumé

Comment les dirigeants de petites et moyennes entreprises (PME) vivent-ils leur relation au travail ? Sont-ils eux aussi sujets à la souffrance au travail et au burn-out, ou bénéficient-ils de sources spécifiques de plaisir au travail qui viendraient renforcer leur équilibre psychique ? Les études sur le sujet sont récentes, peu nombreuses et dispersées dans plusieurs champs disciplinaires, empêchant une compréhension claire de la santé mentale et du bien-être des dirigeants. Les travaux s'intéressant à la souffrance au travail des femmes dirigeantes sont encore plus rares, bien que l'entreprenariat au féminin connaisse un essor mondial et soit devenu un sujet de recherche académique à part entière.Ce travail de thèse a donc pour objet d'identifier les déterminants de la souffrance, les sources de stress et les facteurs de vulnérabilité, ainsi que de déceler les ressources et les facteurs de protection spécifiques à cette population. Considérant que le rapport au travail s'inscrit aussi dans une construction éminemment singulière, car relevant d'une appropriation subjective sous-tendue par des processus psychiques propres à l'histoire de chacun, notre cadre théorique s'est appuyé sur deux conceptualisations : celle de la psychodynamique du travail, et celle relevant d'une approche psychanalytique du lien au travail, le « désir de travail », qui offre un angle de vue original sur la construction, le développement et les atteintes de l'identité professionnelle. Sur le plan méthodologique, nous avons rencontré 13 sujets (7 hommes et 6 femmes), et exploré à la fois les dimensions objectives de la situation vécue par ces participants (évaluées par des questionnaires validés) et les dimensions subjectives (à l'aide de l'outil projectif Rorschach et de l'analyse de discours par théorisation ancrée), et les données recueillies ont fait l'objet d'analyses croisées.Les résultats obtenus permettent de proposer une modélisation graphique innovante, dont la construction et l'analyse s'appuient tout à la fois sur la psychodynamique du travail et la théorie du « désir de travail ». Ce modèle graphique éclaire la compréhension du lien au travail du sujet dans toute sa complexité et sa subjectivité, grâce à une double approche, structurale et fonctionnelle. Par ailleurs, nos résultats ont mis en évidence la difficulté d'évaluation du niveau de souffrance, compte-tenu des défenses inconscientes du sujet, et par conséquent, la nécessité d'approcher cette évaluation à l'aide de différents outils. Si certains des questionnaires confirment leur utilité en termes de diagnostic préventif, ils restent insuffisants pour comprendre les processus en jeu et réaliser un accompagnement. En revanche, les résultats du modèle croisé et du test de Rorschach se sont révélés extrêmement complémentaires, permettant avec le premier d'obtenir une analyse très fine du réel du travail inscrit dans le désir du sujet, et avec le second d'accéder à certains éléments intrapsychiques masqués dans le discours par les défenses. En outre, des corrélations ont pu être établies entre le niveau de souffrance et l'équilibre du modèle croisé, ainsi que les mécanismes de défense, la qualité de la symbolisation et de la relation d'objet. Enfin, des différences significatives entre les dirigeants et les dirigeantes ont été constatées sur les dimensions de l'épuisement et du cynisme au MBI-GS et sur la dimension de la demande psychologique au questionnaire de Karasek, ainsi que plusieurs éléments du désir de travail.A l'issue de la recherche, des perspectives sont envisagées, tant sur le plan de l'approfondissement de la modélisation théorique, à même de mieux comprendre la complexité des rapports entre souffrance et plaisir chez les dirigeants de PME, que sur un plan préventif, en termes d'intervention auprès de cette population, pour leur propre accès à une forme d'émancipation et de sublimation, et pour les répercussions de cette transformation sur l'entreprise et son collectif.

How do managers of very small, small and medium-sized enterprises (SMEs) experience their relationship to work? Are they also subject to suffering at work and burnout, or do they benefit from specific sources of pleasure at work that would strengthen their psychological balance? Studies on the subject are recent and few in number, and moreover scattered in several disciplinary fields, preventing a clear understanding of the mental health and well-being of SMEs managers. Studies on the work-related suffering of women managers are even rarer, even though women's entrepreneurship is growing worldwide and has become a subject of academic research in its own right.The purpose of this thesis is therefore to identify the determinants of suffering, the sources of stress and the factors of vulnerability, as well as to detect the resources and protective factors specific to this population. Considering that the relationship to work is also part of an eminently singular construction, because it is a subjective appropriation underpinned by psychological processes specific to the history of each individual, our theoretical framework was based on two conceptualizations: that of work psychodynamics, and that of a psychoanalytical approach to the link to work, “the desire for work”, which offers an original angle of view on the construction, development and damage to professional identity. Methodologically, we met with 13 subjects (7 men and 6 women), and explored both the objective dimensions of the situation experienced by these participants (evaluated by validated questionnaires) and the subjective dimensions (using the Rorschach projective tool and discourse analysis by grounded theorizing), and the data collected were cross-analyzed.The results obtained make it possible to propose an innovative graphic model, the construction and analysis of which are based on both the psychodynamics of work and the theory of "desire for work". This graphic model sheds light on the understanding of the subject's link to work in all its complexity and subjectivity, thanks to a dual approach, structural and functional. Furthermore, our results have highlighted the difficulty of assessing the level of suffering, given the subject's unconscious defenses, and consequently the need to approach this assessment with the help of different tools. If some of the questionnaires confirm their usefulness in terms of preventive diagnosis, they remain insufficient to understand the processes at play and to carry out a support. On the other hand, the results of the cross-model and of the Rorschach test proved to be extremely complementary, making it possible with the former to obtain a very fine analysis of the reality of the work inscribed in the subject's desire, and with the latter to gain access to certain intrapsychic elements masked in the discourse by defenses. Moreover, correlations could be established between the level of suffering and the balance of the crossed model, as well as the defense mechanisms, the quality of symbolization and of the object relation. Finally, significant differences between male and female managers were found on the dimensions of exhaustion and cynicism in the MBI-GS and on the dimension of psychological demand in the Karasek questionnaire, as well as on several elements of work desire.At the end of the research, perspectives are envisaged, as much on the level of the deepening of the theoretical modelling, able to better understand the complexity of the relationship between suffering and pleasure among SME managers, as on a preventive level, in terms of intervention with this population, for their own access to a form of emancipation and sublimation, and for the repercussions of this transformation on the company and its collective.