Thèse soutenue

Applicabilité de la filière Agromine aux éléments des terres rares : verrous à lever et éléments de succès d’un point de vue génie chimique

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Auteur / Autrice : Bastien Jally
Direction : Marie-Odile Nicolas-SimonnotYe-Tao Tang
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Génie des procédés, des produits et des molécules
Date : Soutenance le 22/02/2022
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SIMPPé - Sciences et ingénierie des molécules, des produits, des procédés, et de l'énergie (Lorraine)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire réactions et génie des procédés
Jury : Président / Présidente : Alexandre Chagnes
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Odile Nicolas-Simonnot, Ye-Tao Tang, Lucie Coudert, Laurent Cassayre, Isabelle Billard, Dominique Horbez
Rapporteurs / Rapporteuses : Lucie Coudert, Laurent Cassayre

Résumé

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Pour faire face au défi du changement climatique, de nouvelles technologies ont récemment émergé, permettant l’exploitation ou le stockage d’énergies renouvelables. Des éoliennes aux voitures électriques, des solutions prometteuses apparaissent pour adapter nos modes de vie. Ces technologies ajoutent cependant une pression sur d’autres ressources non renouvelables, parmi lesquelles les terres rares (TR). Ces 16 éléments, constitués des 14 lanthanides, de l’yttrium (Y) et du scandium (Sc), sont au cœur des technologies actuelles. Les technologies de la communication (écrans des smartphones, fibres optiques) et de l’armement (superalliages), aujourd’hui estimées essentielles, accroissent encore la demande pour ce groupe d’éléments, faisant partie de la liste des « matières premières critiques » proposée par l’Union Européenne.Leur extraction lors des dernières décennies a laissé derrière elle un paysage morcelé, notamment dans le Sud de la Chine. Aujourd’hui interdites, les pratiques de décapage puis excavation, suivies d’une lixiviation en tas, ont légué des centaines d’hectares de stériles miniers. Ces milieux dégradés, qui étaient autrefois des forêts tropicales, sont sujets à une érosion intense, et contiennent encore des TR à faible concentration. Dans un contexte où les services écosystémiques des milieux naturels sont plus que jamais indispensables, est apparue la volonté de refonctionnaliser ces sols délaissés. Des aides gouvernementales chinoises ont été déployées pour leur revégétalisation à grande échelle. Des programmes de recherche ont aussi été lancés pour mieux comprendre le fonctionnement de ces écosystèmes dégradés et envisager leur restauration. Dans ce cadre, une des clés de la réussite pourrait être le recours à des plantes adaptées localement, et présentant un intérêt économique, pour la production d’énergie, de fibres, ou la récupération des terres rares présentes dans les stériles. La filière « agromine » est une solution fondée sur la nature, qui combine la culture de plantes hyperaccumulatrices et de la récupération des métaux à partir de ces plantes. Cette filière pourrait être très intéressantes dans ce contexte, puisque les espèces D. linearis L. et P. americana, hyperaccumulateurs de TR sont présentes sur ces anciens sites miniers. Ces plantes concentrent les TR dans leurs partie aériennes, jusqu’à des valeurs supérieures aux minerais exploités.La récupération des TR, via des procédés hydrométallurgiques, permettrait alors de concrétiser la valeur économique de ces plantes, et contribuerait à l’approvisionnement en TR, nécessaire au déploiement des technologies modernes. L’objectif de cette thèse, qui fait suite à celle de Z . Chour (2018, Univ. Lorraine) est de développer et optimiser des procédés de récupération de TR à partir des cendres de D. linearis et de la plante P. americana, qui a des caractéristiques botaniques, et physico-chimiques différentes. Il s’agit aussi d’étudier l’impact environnemental et le coût des différents procédés identifiés. Elle a été menée en co-direction entre l’Université de Lorraine (Nancy, France) et l’Université Sun Yat-sen (Canton, Chine). Ce travail a permis de répondre à des questions scientifiques sur la séparation de TR à faible concentrations dans des matrices riches en silice et contenant aussi de l’aluminium. Il a abouti à la conception et l’optimisation d’un procédé original à partir de D. linearis, accompagné d’une comparaison de différents procédés, au plan des consommation de matière et d’énergie et de la production des déchets, et d’une évaluation économique. Il constitue ainsi une étape essentielle à la fois pour le développement scientifique de la filière agromine et pour sa mise en œuvre.