Thèse soutenue

Étude de la résistance à la biodétérioration de matériaux cimentaires innovants et bas carbone pour une application dans les réseaux d'assainissement

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Auteur / Autrice : Amr Aboulela
Direction : Alexandra BertronCédric PatapyMatthieu Peyre-Lavigne
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Génie civil
Date : Soutenance le 21/01/2022
Etablissement(s) : Toulouse, INSA
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mécanique, énergétique, génie civil et procédés (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LMDC - Laboratoire Matériaux et Durabilité des Constructions de Toulouse - Toulouse Biotechnology Institute / TBI - Laboratoire Matériaux et Durabilité des constructions / LMDC - Toulouse Biotechnology Institute / TBI
Jury : Président / Présidente : Josée Duchesne
Examinateurs / Examinatrices : Alexandra Bertron, Cédric Patapy, Matthieu Peyre-Lavigne, Eric Van Hullebusch, Burkan Isgor, Mark Alexander, Cyrill Grengg
Rapporteurs / Rapporteuses : Eric Van Hullebusch, Burkan Isgor

Résumé

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La biodégradation des matériaux cimentaires dans les réseaux d’assainissement est une préoccupation majeure pour des raisons sanitaires et économiques. Elle est principalement due à l'oxydation biologique de H2S en H2SO4 conduisant à une dissolution progressive de la matrice cimentaire ainsi qu’à la précipitation de produits expansifs susceptibles de provoquer des fissurations. Dans la littérature, il est établi que le ciment d'aluminates de calcium (CAC) a une meilleure résistance, dans de tels environnements, comparé au ciment Portland (PC). Les meilleures performances du CAC sont attribuées à la forte teneur en aluminium et aux propriétés physico-chimiques de la matrice cimentaire (phases minéralogiques, porosité…). D’autre part, des études récentes révèlent le potentiel rôle du fer dans la résistance des matériaux présents dans ces environnements, sans toutefois permettre de clarifier ce rôle.Cette thèse avait pour objet (i) d’étudier le comportement et les mécanismes de détérioration des différents matériaux cimentaires bas-CO2 (ciment sulfoaluminate (CSA) et laitier alkali-activé (AAS)) exposés à une attaque microbienne en condition d’assainissement; (ii) d’évaluer l’impact de la substitution d’une partie du ciment Portland par des additions minérales, riche en aluminium et/ou fer sur la performance des matériaux; (iii) de comprendre les mécanismes d’interactions entre la matrice cimentaire et le biofilm; (iv) d’optimiser un modèle numérique, basé sur le couplage de la chimie des matériaux et le transport des espèces en solution, par l’intégration des transformations biologiques des espèces soufrées.Le travail expérimental a été réalisé en laboratoire en utilisant le BAC test. Ce test vise à générer des conditions favorables au développement d’une activité sulfo-oxydante à pH acide sur un substrat de tetrathionate (S4O62-) et d’évaluer le comportement de différents matériaux (PC, CAC, CSA et AAS).Un indicateur de performance (PIeqOH) a été développé par l’évaluation de la lixiviation des éléments/composés chimiques (notamment le calcium, l’aluminium, le fer, le magnésium et le sulfate qui définissent le pouvoir tampon des matériaux). Cet indicateur a permis d’établir un classement des matériaux selon leurs résistances à l’attaque d’acide sulfurique dans ces conditions.Dans les conditions expérimentales, les espèces Acidithiobacillus et Thiomonas sont les principales bactéries identifiées, Thiomonas étant capable de dismuter les tetrathionates en absence d’oxygène. La dismutation du substrat soufré a été identifiée comme responsable de la présence de soufre élémentaire à la surface des matériaux.Le meilleur comportement des matériaux à base de CSA, comparé aux ciments type Portland, a été attribué principalement à la formation d’hydroxyde d’aluminium (AH3), phase chimiquement stable en conditions acides. La forme minéralogique des phases contenant de l’aluminium est un facteur clé de leur résistance à l’acide et la simple augmentation de la teneur en aluminium par des additions minérales non-réactives s’est avérée insuffisante pour améliorer les performances des matériaux cimentaires.Le fer, initialement non-réactif, reste relativement inactif pendant une attaque microbienne très agressive. Ni la concentration en fer, ni la forme sous laquelle il est présent n’ont montré d’impact sur l’installation de l’activité microbienne. De plus, l’ajout des additions minérales riches en fer non réactifs n'a pas amélioré la durabilité des matériaux cimentaires.Dans les conditions du BAC test, les mécanismes de détérioration des matériaux à base de laitier alcali-activé étaient très similaires à ceux à base de ciment Portland et ont consisté en une décalcification très forte des C-A-S-H, menant jusqu’à la formation d’un gel silicoalumineux en surface.