Thèse soutenue

Vers une meilleure compréhension des impacts des plantes invasives sur la végétation native. Approche fonctionnelle et multitrophique appliquée à une zone humide envahie par Solidago canadensis

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Auteur / Autrice : Marie Grange
Direction : François Julien Munoz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biodiversité écologie environnement
Date : Soutenance le 03/10/2022
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale chimie et science du vivant (Grenoble ; 199.-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'écologie alpine (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : François Pompanon
Examinateurs / Examinatrices : Colin Fontaine
Rapporteurs / Rapporteuses : Isabelle Dajoz, Guillaume Fried

Résumé

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Écosystèmes essentiels aux sociétés humaines, les zones humides sont aujourd’hui particulièrement menacées par les changements globaux. Les invasions biologiques sont un facteur majeur d’altération de ces écosystèmes. Certaines espèces végétales exotiques modifient de manière majeure la structure, le fonctionnement et la dynamique des zones humides. C’est le cas de Solidago canadensis (L., 1753), une astéracée rhizomateuse originaire d’Amérique du Nord et introduite en Europe comme plante d’ornement au XVIIIème siècle. Sa présence modifie les écosystèmes envahis à plusieurs niveaux. S. canadensis est susceptible d’affecter directement la végétation native, mais aussi la composition chimique du sol, l’activité microbienne, les insectes pollinisateurs et leurs prédateurs. Aujourd’hui, les mécanismes par lesquels S. canadensis affecte la végétation native in situ demeurent encore mal connus. En particulier, il reste à définir comment ses capacités à préempter différents types de ressources, et ses effets directs et indirects sur le réseau d’interactions plantes-pollinisateurs impactent les communautés végétales in natura.L’objectif de ma thèse est d’identifier (i) les mécanismes par lesquels S. canadensis impacte la végétation native, (ii) quels sont les groupes fonctionnels natifs les plus sensibles à chacun de ces mécanismes et (iii) quelles sont les conséquences à l’échelle des communautés végétales natives. Pour cela, nous avons réalisé un travail conséquent de récolte de données afin de caractériser l’état de différents compartiment de l’écosystème (sol, végétation et pollinisateurs) à différents stades de l’invasion et périodes de l’année. Puis, nous avons analysé les effets directs et indirects de la densité de S. canadensis sur ces compartiments, indépendamment des autres caractéristiques du système.Nos résultats soulignent tout d’abord l’importance de la standardisation des protocoles d’échantillonnage des réseaux plantes-pollinisateurs, en particulier l’harmonisation de la description des conditions d’échantillonnage, des ressources florales et des interactions non capturées, qui peuvent induire des biais majeurs dans l’interprétation des données. Concernant les impacts de S. canadensis, nous avons mis en évidence des effets négatifs sur la diversité et la production de biomasse des communautés végétales natives. Trois mécanismes participent à ces effets : la compétition pour la lumière, la compétition pour les nutriments du sol et la perturbation des interactions mycorhiziennes via la production de composés allélopathiques. Nous avons également mis en évidence des impacts de S. canadensis sur les préférences des insectes pollinisateurs via la modification de la structure de la végétation et l’attractivité de ses fleurs. Ces effets sur les pollinisateurs ont des conséquences concrètes pour les plantes natives car ils diminuent à la fois le nombre visites et la quantité de pollen conspécifique reçu. Ces travaux mettent en lumière des différences majeures de réponse de différents groupes fonctionnels de plantes à l’invasion par S. canadensis.Un des points forts de cette thèse réside dans l’analyse de la réponse de la végétation native au processus d’invasion à l’échelle de la communauté, mais aussi pour différents groupes fonctionnels au sein de cette communauté. Cela nous a permis, tout en gardant une vision d’ensemble, de caractériser la complexité des mécanismes d’interaction à l’œuvre lors de cette invasion. Une meilleure compréhension de la complexité des interactions entre espèces invasives et natives, qu’elles soient directes ou indirectes, qu’elles varient entre groupes fonctionnels ou entre compartiments trophiques, est une étape essentielle pour la prédiction de la dynamique des écosystèmes envahis et la l’identification des sites les plus vulnérables face à cette menace.