Thèse soutenue

Fonctionnement des failles et mécanismes de déformation du sud-est du plateau tibétain

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Auteur / Autrice : Paul Pitard
Direction : Anne ReplumazMarie-Pierre Doin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Terre Solide
Date : Soutenance le 31/03/2022
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre, de l’environnement et des planètes (Grenoble, Isère, France ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de la Terre (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Andréa Walpersdorf
Examinateurs / Examinatrices : Martine Simões, Riad Hassani
Rapporteurs / Rapporteuses : Marc Jolivet, Aurélia Hubert-Ferrari

Résumé

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Le plateau orogénique Tibétain constitue depuis des décennies une structure géologique emblématique de l’étude de la déformation des continents. Comprendre son évolution structurelle est une question épineuse, source de discussions controversées entre les partisans des nombreux modèles clés. Les simulations numériques des forces gravitationnelles associées à un chenal de faible viscosité dans la croûte tibétaine prédisent une déformation continue grâce à l’écoulement de matériel ductile en profondeur. L’observation en surface de grands systèmes de failles, favorise cependant un modèle de déformation localisée à travers l'interaction de failles décrochantes et chevauchantes. Mes travaux de thèse se concentrent sur la marge orientale du plateau, souvent considérée comme un laboratoire naturel à l’élaboration de ces modèles. Au centre de la marge, la faille décrochante de Xianshuihe borde le massif du Gongga Shan culminant à plus de 7550 m d’altitude, et sépare les chevauchements des Longmen Shan au nord, de ceux de la Yalong au sud. Le rôle important des chevauchements des Longmen Shan dans l’épaississement de la marge est bien documenté, notamment suite à leur rupture partielle en 2008 (Séisme de Wenchuan, Mw = 7,9). Mes travaux s’intéressent aux chevauchements de la Yalong localisés sur la marge sud-est du plateau, comprenant la faille de Muli au nord, et la faille de Jinhe-Qinghe au sud. Ces chevauchements sont encore fortement méconnus, et leur rôle dans l’épaississement de la marge reste énigmatique.L’acquisition de nouveaux âges thermochronologiques de basses températures, révèle une forte exhumation (~2,2 km/Ma) du massif du Gongga Shan au cours du Pliocène-Pléistocène. Plus au sud, la faille de Muli présente une forte activité initiée au cours du Miocène à ~12,5 Ma, marquée par une exhumation rapide (0,6 km/Ma). Au plus éloigné du haut plateau, la faille de Jinhe-Qinhe présente une activité plus ancienne, au cours de l'Éocène supérieur et de l'Oligocène inférieur. Une modélisation thermo-cinématique sur la faille de Muli révèle une faille raide en surface (>70°) s’aplatissant en profondeur, en impliquant potentiellement la déformation de la croûte entière, comme suggéré par les images tomographiques sous la marge. En complément, une modélisation mécanique basée sur une croûte visqueuse montre qu’une telle géométrie est susceptible d’induire une déformation localisée dans toute la croûte, un uplift localisé de la surface, et une absence de bassin flexural.Mes travaux de thèse ont permis de mettre en avant le rôle important des mécanismes chevauchants dans la formation et l’évolution du Tibet oriental. Les 15 km d’exhumation enregistrés le long de la faille de Muli depuis l’initiation de la collision Inde/Asie soulignent la forte implication de la croûte supérieure dans l’épaississement du Sud-Est Tibet, en désaccord avec les modèles de déformation continue. Les géométries particulières observées sur les structures des Longmen Shan et de la Yalong sont susceptibles d’impliquer une déformation localisée dans toute la croûte, engendrant l’absence de bassins flexuraux, depuis longtemps utilisée pour minimiser le rôle des chevauchements dans l’épaississement de la marge. La cinématique d’exhumation sur la marge Sud-Est du plateau n’obéit cependant pas aux prédictions de migration de la déformation vers l’extérieur du plateau, proposées par le modèle de déformation localisée. L'Est du Tibet présente donc une histoire plus complexe, avec une succession de phases compressives depuis l'initiation de la collision Inde/Asie.