Thèse soutenue

Interactions entre le traitement des visages et le traitement du langage durant le rétrécissement perceptif
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Auteur / Autrice : Olivier Clerc
Direction : Olivier PascalisHélène Loevenbruck
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences cognitives, psychologie et neurocognition
Date : Soutenance le 25/05/2022
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement (Grenoble ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de psychologie et neurocognition (Grenoble ; Chambery ; 1996?-....)
Jury : Président / Présidente : Karine Mazens
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Pascalis, Bahia Guellaï
Rapporteurs / Rapporteuses : Benoist Schaal, Pascal Barone

Résumé

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Dès la naissance, les nourrissons sont exposés à des visages qui parlent. Afin de pouvoir correctement interagir avec leurs congénères, les nouveau-nés vont devoir apprendre à traiter l’information provenant de ceux-ci. Le traitement des visages et le traitement du langage se développent ainsi rapidement durant la première année de vie des nourrissons. Cependant, que ce soit pour les visages ou pour le langage, beaucoup de nourrissons ont un biais d’exposition : ils sont presque exclusivement exposés aux visages de leur type et à leur langue maternelle. Une conséquence de ce biais d’exposition est que les nourrissons vont développer des capacités de discrimination plus fines pour traiter les stimuli natifs que les stimuli non-natifs. Dans la littérature scientifique, ce phénomène appelé rétrécissement perceptif à été mis en évidence de nombreuses fois dans le cadre du développement du langage et dans le cadre du développement du traitement des visages. La trajectoire développementale commune de ces deux systèmes cognitifs durant la première année de vie suggère des interactions entre ces deux systèmes. Cependant, ces interactions sont encore peu étudiées.Le but de la thèse présentée ici était d’étudier les interactions entre les traitements du langage et des visages durant la première année de vie.Dans une première étude, nous avons voulu étudier l’impact du type de visage sur une tâche de correspondance phonémique, sur des nourrissons de 3 et 9 mois. Les nourrissons de 3 mois ne semblent pas faire correspondre une voyelle avec la vidéo d’une locutrice si celle-ci n’est pas d’un type familier. Les résultats de cette étude nous indiquent que dès 3 mois, les nourrissons traitent différemment le signal audio-visuel selon le type du visage qui le produit. Dans une deuxième étude, nous avons voulu évaluer l’impact du type de visage sur la perception de l’effet McGurk, sur des nourrissons de 6, 9 et 12 mois. De plus, nous avons souhaité voir la robustesse de cet effet en l’étudiant de manière interculturelle (en France et au Japon). Nous montrons que la sensibilité à cette illusion audio-visuelle semble dépendante du type de visage. De plus, mis en commun avec nos collègues japonais, nos résultats montrent que la sensibilité à l’effet McGurk peut être conditionné par la culture dans laquelle grandissent les nourrissons. Dans une troisième étude, nous nous sommes intéressés à l’impact des associations entre types de visages et types de langues sur l’attention visuelle des nourrissons de 6, 9 et 12 mois. Cette étude montre qu’à 3 mois, certaines associations de langues et de visages semblent attendus par les nourrissons et plus regardées. Ces associations sont considérées comme congruentes puisqu’elles ne vont pas à l’encontre de ce que les nourrissons rencontrent habituellement dans leur environnement. Dans une quatrième étude, nous avons testé l’impact de ces associations sur la reconnaissance d’individus par des nourrissons de 9 et 12 mois. Nous montrons que les associations congruentes aident la reconnaissance des individus, tandis que les associations incongruentes perturbent la reconnaissance des individus.Ces études renforcent l’idée que d’étroites interactions lient le traitement du langage et le traitement des visages durant la petite enfance. De plus, nous montrons de nouveaux marqueurs du rétrécissement perceptif avant 9 mois. Nous montrons aussi un nouveau moyen expérimental permettant de moduler l’impact du rétrécissement perceptif. Ces travaux de thèse permettent d’élargir nos connaissances concernant le rétrécissement perceptif et ainsi d’en affiner la définition.