Thèse soutenue

Faire famille après le décès d'un.e enfant. Une sociologie du deuil

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Auteur / Autrice : Lucie Jégat
Direction : Gaëlle Clavandier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie, démographie
Date : Soutenance le 02/12/2022
Etablissement(s) : Lyon, École normale supérieure
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Max Weber (Lyon ; Saint-Étienne ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Hugues Déchaux
Examinateurs / Examinatrices : Gaëlle Clavandier, Jean-Hugues Déchaux, Marc-Antoine Berthod, Marie-Clémence Le Pape, Éric Widmer
Rapporteurs / Rapporteuses : Marc-Antoine Berthod, Cherry Schrecker

Résumé

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Ce travail de thèse porte sur la manière dont les membres d’une famille endeuillée continuent de faire famille dans le contexte du décès d’un·e enfant. Le cadre choisi est celui des familles ayant perdu un·e enfant âgé·e de 12 à 25 ans. Ce travail s’appuie sur des matériaux qualitatifs, soit 40 entretiens réalisés avec des parents, mais aussi des frères et sœurs endeuillé·e·s d’un·e enfant, d’une sœur ou d’un frère âgé·e de 12 à 25 ans. À partir de ces matériaux, il s’agit de questionner les outils et concepts que possède aujourd’hui la sociologie pour mener à bien une analyse du deuil au sein de la famille. En s’intéressant aux trajectoires individuelles et familiales et aux bifurcations induites par le deuil, ce travail de thèse expose que, loin de pouvoir se résumer à un travail individuel et psychologique, le deuil d’un·e enfant constitue surtout un statut qui affecte la parentalité sur le temps long. Cette thèse commence par décrire comment la sociologie du deuil s’articule aujourd’hui à la sociologie de la famille. En définissant la famille comme configuration émotionnelle et en mettant au centre de l’analyse le rôle des parents et des frères et sœurs, ce travail doctoral montre comment les émotions circulent au sein de la famille, et permettent de faire famille malgré un membre absent. La transformation des rôles parentaux est interrogée, et notamment la manière dont les parents endeuillé·e·s s’inscrivent désormais dans une forme liminale de parentalité. Grâce à l’élaboration de la notion de travail émotionnel de deuil, cette thèse met en lumière les inégalités entre paternité et maternité en deuil, particulièrement par rapport à l’inscription dans la sphère professionnelle. En suivant la famille à travers ses indices matériels, ce travail montre en outre comment les éléments matériels ancrent l’absence dans un quotidien partagé. Enfin, l’analyse sur le temps long amène à interroger le devenir des sœurs et frères en deuil, mais aussi la transformation de la famille, notamment à travers l’arrivée des petits-enfants.