Thèse soutenue

Décentralisation de la protection sociale dans les états autoritaires : une analyse institutionnelle du système de retraite chinois

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Auteur / Autrice : Jing Yang
Direction : Sébastien Lechevalier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Economie et sciences sociales
Date : Soutenance le 05/12/2022
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Sylvie Démurger
Examinateurs / Examinatrices : Sylvie Démurger, Yohann Aucante, Antoine Bozio, Daniel Béland, Jin Feng, Chloé Froissart
Rapporteurs / Rapporteuses : Daniel Béland, Jin Feng

Résumé

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Quelles sont les motivations de la décentralisation de la protection sociale dans les pays autoritaires? Cette thèse propose une nouvelle explication pour comprendre la décentralisation des protections sociales dans les régimes autoritaires. Contrairement aux recherches existantes qui ont adopté une perspective de logique politique pour comprendre les protections sociales dans les régimes autoritaires, cette thèse examine les motivations et les conséquences de la décentralisation de la pension en Chine sous l’angle de l’institutionnalisme et de l’économie politique. Cette thèse soutient que la décentralisation du système de retraite en Chine est motivée par la réciprocité des intérêts centraux–locaux et locaux–locaux liés aux retraites dans le cadre de la décentralisation fiscale. De plus, cette institution de retraite décentralisée a été renforcée par l’instrumentalisation des politiques de retraite locales, et a donné lieu à deux modèles différents de prise de décision en matière de retraite, l’inertie des retraites et l’innovation des retraites, dans les régions développées et moins développées de la Chine. Les principales conclusions de cette thèse sont les suivantes. Premièrement, l’ancienne sécurité sociale chinoise n’a pas développé une tradition institutionnalisée et uniforme au niveau national de dépenses centralisées en protection sociale. Le gouvernement central n’a pas été un fournisseur, ni exactement un régulateur, mais plutôt un promoteur de la sécurité sociale (chapitre 1). Deuxièmement, la pension chinoise est une institution décentralisée réciproque. Grâce à des mécanismes de coopération et de partage des recettes, des dépenses et des investissements des fonds de pension, les gouvernements de tous les niveaux en Chine ont non seulement maintenu la durabilité temporaire de la pension, mais aussi renforcé leurs intérêts respectifs liés à la décentralisation des pensions (chapitre 3). Troisièmement, les enquêtes de terrain ont révélé que les variations des pensions ont été renforcées par l’instrumentalisation des politiques de pension, en utilisant ces dernières comme des stratégies régionales, des stimulants de la compétitivité locale et des outils pour résoudre les problèmes locaux (chapitre 4). Enfin, la décentralisation des pensions a conduit à la coexistence de convergence et de divergence dans les dépenses de pension entre les localités en Chine. Les régions qui dépendent financièrement des transferts des autorités supérieures ont une inertie en matière de pensions en raison de leurs ressources financières limitées et convergent vers des dépenses de pension proches des exigences minimales de leurs supérieurs; tandis que la concurrence entre les régions développées les a amenées à innover en matière de politiques de pension locales, ce qui a entraîné une divergence de leurs dépenses de pension (Chapitre 5).