Thèse soutenue

Cartographie du microbiote oral et identification de pathogènes oraux associés à la maladie d'Alzheimer

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Auteur / Autrice : Leslie Borsa
Direction : Alain DoglioLaurence Lupi-Pégurier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Recherches cliniques et thérapeuthiques
Date : Soutenance le 20/04/2022
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Sophia Antipolis, Alpes-Maritimes)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Microbiologie Orale, Immunothérapie et Santé
établissement de préparation : Université Côte d’Azur (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Anne-Marie Musset
Examinateurs / Examinatrices : Anne-Marie Musset, Jean-Noël Vergnes
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Marie Musset, Jean-Noël Vergnes

Résumé

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L'incidence de la maladie d'Alzheimer (MA), qui constitue la première cause de troubles neurocognitifs dans la population adulte, augmente dans le monde entier. A ce jour, et malgré les immenses progrès réalisés en 30 ans concernant la compréhension des mécanismes neuropathologiques, et notamment l'accumulation des protéinesTau et Béta-amyloïdes, la question de l'étiopathogénie et des différents facteurs de risque de la MA reste largement débattue. Parmi les facteurs de risque étudiés, l'inflammation chronique et les pathologies, notamment infectieuses, constituent des voies de recherche particulièrement intéressantes. Les données récentes de la littérature mettent en évidence un lien significatif entre les maladies parodontales et la MA. La cavité buccale héberge en effet un microbiote varié qui constitue un réservoir inflammatoire permanent favorisant la dissémination systémique d'espèces bactériennes, fongiques et virales. Plusieurs agents infectieux sont suspectés de jouer un rôle étiologique dans la genèse inflammatoire et l'aggravation des maladies neurodégénératives, dont la MA ; notamment les Herpes virus humains et de nombreuses bactéries parodontopathogènes. Des agents pathogènes parodontaux majeurs ont en effet été détectés dans les lésions cérébrales de patients décédés et atteints de MA, suggérant une connexion infectieuse et inflammatoire entre la sphère oro-pharyngée et le cerveau. Ce travail de thèse part ainsi du postulat que la cavité buccale représente un espace d'observation privilégié. L'étude ORAMICAL "Oral Microbiology in Alzheimer's patients" est une étude cas-témoins non randomisée conduite au CHU de Nice. Elle vise à étudier, au niveau parodontal, la présence d'un ensemble sélectionné d'espèces bactériennes et virales chez des personnes âgées de plus de 70 ans, diagnostiquées ou non pour la MA. L'objectif principal est d'établir une signature parodontale, associant virus et bactéries, qui serait significativement associée à la MA. Les objectifs secondaires sont de comparer l'hygiène et l'état bucco-dentaires dans chaque groupe de patients. Les cas et les témoins, ont été recrutés lors d'une consultation dentaire ou à la suite d'une consultation avec un gériatre au CHU de Nice. Les échantillons parodontaux ont été collectés par un écouvillonnage oral réalisé sur la dent présentant la poche parodontale la plus profonde. Les ADN microbiens (11 au total, 7 virus et 4 bactéries) ont été analysés par qPCR. Différentes données cliniques, telles que le coefficient masticatoire, la présence de mobilités, l'indice carieux ou la mesure du statut parodontal ont également été recueillies. Ce protocole d'étude est rapporté selon les Standard Protocol Items : Recommendations for Interventional Trials (SPIRIT). Les directives de l'étude STROBE (Strengthening the Reporting of Observational Studies in Epidemiology) ont été suivies. Une première phase de faisabilité a porté sur une vingtaine de patients,13 cas et 11 témoins, ne présentant pas de différences significatives en âge et en sexe. L'état bucco-dentaire était significativement dégradé pour les cas. L'indice de plaque était significativement plus important chez les patients atteints de MA que chez les témoins, et leur niveau de dépendance était également significativement plus important. Cette étude met en évidence la présence marquée de certaines espèces bactériennes et virales dans les lésions parodontales des patients atteints de MA. Les différences (Fisher exact test) concernent le virus Varicelle-Zona (VZV), le virus Epstein-Barr (EBV), Porphyromonas gingivalis (Pg) et Fusobacterium nucleatum (Fn) qui sont détectés de manière très significative chez les cas. Bien que basée sur un nombre de participants encore modeste, cette étude met en évidence pour la première fois l'incidence accrue du VZV au niveau oral, associé à des marqueurs plus consensuels des dysbioses parodontales comme EBV, Pg et Fn.