Thèse soutenue

Destin et comportement des spores du groupe Bacillus cereus chez des organismes modèles

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Auteur / Autrice : Salma Hachfi
Direction : Armel GalletLaurent Boyer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Immunologie et Microbiologie
Date : Soutenance le 16/03/2022
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Nice ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Sophia Agrobiotech (Sophia Antipolis, Alpes-Maritimes)
établissement de préparation : Université Côte d’Azur (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Christine Coustau
Examinateurs / Examinatrices : Christine Coustau, Bruno Lemaitre, Philippe Gérard, Bernard Charroux
Rapporteurs / Rapporteuses : Bruno Lemaitre, Philippe Gérard

Résumé

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Le groupe Bacillus cereus (B. cereus) regroupe des bactéries Gram positives issues de l’environnement. Ces bactéries sont capables de sporuler quand les conditions sont défavorables. Les membres de ce groupe peuvent être impliqués dans des intoxications alimentaires représentant ainsi la troisième cause d'intoxication alimentaire en Europe et la deuxième en France. L’espèce B. thuringiensis (Bt) appartient au groupe B. cereus et se caractérise par la production de cristaux parasporaux contenant des toxines Cry insecticides avec une forte spécificité d’action. Ainsi, les spores et les cristaux de Bt sont utilisés comme bioinsecticides pour lutter spécifiquement contre les larves de lépidoptères ravageurs. Les produits à base de Bt représentent plus de 50 % de marché mondiale des biopesticides. Une fois les spores et les cristaux ingérés par un organisme cible (les larves de lépidoptères), les toxines Cry contenues dans le cristal sont libérées et détruisent l'épithélium intestinal. Ensuite, le passage et la germination des spores dans l'hémolymphe entraînent une mort rapide du ravageur par septicémie. L’utilisation accrue de ces bioinsecticides Bt pose la problématique des risques potentiels engendrés sur les organismes non ciblés.En utilisant le modèle Drosophila melanogaster (un organisme non-cible de Bt), il avait été précédemment montré que les formes végétatives de Bt sont rapidement éliminées de l'intestin. Cette élimination est corrélée avec l'activation de la réponse immunitaire innée locale. Cependant, des études disparates suggéraient que les spores de Bt pouvaient persister dans les intestins des mammifères. Afin d’étudier le comportement de ces spores dans l'intestin des organismes non ciblés et l’implication de la réponse immunitaire innée, j’ai utilisé deux modèles de laboratoire : Drosophila melanogaster et la souris. En premier lieu, j'ai pu montrer qu’après une ingestion ponctuelle, les spores persistent jusqu'à 10 jours dans l'intestin moyen des drosophiles et au moins 5 jours dans l’intestin grêle des souris. Ce résultat m’a conduit à étudier le devenir de ces spores dans l’intestin. Pour cela, j'ai utilisé un outil généré au laboratoire où les spores fluorescent en rouge qui une fois germées en cellules végétatives acquièrent une fluorescence verte. En utilisant ces spores marquées, j'ai montré que ces dernières s'accumulent et germent préférentiellement dans les parties postérieures de l’intestin moyen de drosophile et de l’intestin grêle de souris. J’ai ensuite confirmé ces résultats qualitatifs par une approche quantitative en dénombrant spores et bactéries végétatives dans les différentes régions de l’intestin. Ainsi, toutes mes données suggèrent que la réponse immunitaire innée au niveau de la région postérieure de l’intestin moyen/grêle est inefficace pour éliminer rapidement les spores et les bactéries germées.Ensuite, je me suis donc focalisée sur la réponse immunitaire innée locale. Dans l'intestin moyen de la drosophile, cette réponse est localisée principalement dans les régions antérieures et se manifeste par une production d’espèces réactives de l’oxygène (ROS) et de peptides antimicrobiens (AMP). Mes résultats montrent que contrairement aux cellules végétatives, les spores n’induisent pas la production de ROS et d’AMP par l’épithélium intestinale. Etonnamment, j’ai même observé que la production d’AMP est réprimée. J’ai ensuite démontré que l’ingestion de spores induit l’expression de gènes codant pour des régulateurs négatifs (PGRP-SC1, -SC2 et -LB) de la réponse immunitaire innées dans la région postérieure de l’intestin moyen. Enfin, en utilisant des combinaisons de mutants des deux voies de signalisation immunitaires, Imd et Toll, j’ai pu caractériser pour la première fois leur coexistence dans l'intestin moyen de la drosophile et leur contribution de manière additive ou synergique aux infections par des spores du groupe B. cereus.