Thèse soutenue

Association entre produits laitiers, volume cérébral et fonctions cognitives chez le sujet âgé
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Auteur / Autrice : Hermine Pellay
Direction : Catherine Feart-Couret
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Santé publique Option Epidémiologie
Date : Soutenance le 25/03/2022
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Bordeaux)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Bordeaux population Health
Jury : Président / Présidente : Jean-François Dartigues
Examinateurs / Examinatrices : Yves Rolland
Rapporteurs / Rapporteuses : Nancy Presse, Nicole Darmon

Résumé

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Alors que le vieillissement de la population mondiale est en perpétuel accroissement, l’émergence de maladies neurodégénératives liées au vieillissement cérébral pathologique, amène à faire de la prévention du déclin cognitif et de la démence (et son étiologie principale, la maladie d’Alzheimer), une priorité de santé publique. Dans ce contexte, le rôle de l’alimentation, à laquelle nous sommes exposés tout au long de la vie, a été largement investigué et représente une stratégie crédible de prévention. Pourtant, dans des profils alimentaires sains associés favorablement aux fonctions cognitives, la place des produits laitiers pose encore question : les résultats d’études épidémiologiques focalisant sur ce groupe alimentaire sont en effet hétérogènes. Source d’un ensemble de nutriments essentiels (peptides bioactifs, calcium, vitamines B, …) identifiés comme de potentiels facteurs préventifs du vieillissement pathologique, et associé à des effets bénéfiques sur les maladies chroniques métaboliques telles que l’hypertension, le diabète de type 2 ou les maladies cardiovasculaires, également connues comme des facteurs de risque de démence, une plus forte consommation de produits laitiers pourrait être associée, directement ou indirectement, à une diminution du risque de développer un déclin cognitif et une démence. C’est l’hypothèse sous-tendue par cette thèse d’épidémiologie qui avait pour but d’analyser les effets des produits laitiers sur la santé cérébrale de personnes âgées issues de la population générale et participantes de la cohorte Troiscités Bordeaux. La première partie descriptive de ce travail avait pour but d’appréhender les caractéristiques sociodémographiques et cliniques, et les apports alimentaires et nutritionnels des consommateurs de produits laitiers et de ses trois sous-types (le lait, les produits laitiers frais, le fromage). Nous avons mis en évidence trois profils de consommation et de mode de vie très spécifiques à chacun des sous-types de produits laitiers étudiés. Au-delà de l’intérêt pour les produits laitiers totaux, ce résultat a encouragé la considération individuelle du lait, des produits laitiers frais, du fromage, pour la suite du travail. Dans la seconde partie analytique, nous nous sommes intéressés à la relation entre les consommations de produits laitiers et l’évolution des performances cognitives, jusqu’à l’incidence de la démence et de la maladie d’Alzheimer. Aucune association n’était observée entre les produits laitiers quels qu’ils soient et le déclin cognitif. En revanche, de plus fortes fréquences de consommation de produits laitiers totaux (≥4 fois par jour), ou de produits laitiers frais (≥0,5 fois par jour), étaient associées à un risque plus élevé de développer une démence ou une maladie d’Alzheimer, par rapport aux fréquences de consommation les plus faibles, au cours de 15 ans de suivi. Ce résultat était spécifique aux hommes ; aucune association n’étant observée en population féminine. Enfin, ces résultats surprenants étaient en accord avec une analyse supplémentaire qui a porté sur des données d’imagerie cérébrale, marqueurs objectivables de lésions précoces, en amont des symptômes cliniques. Ainsi, les individus ayant la fréquence de consommation de produits laitiers frais la plus élevée (>1,5 fois par jour) présentaient un plus petit volume de matière grise dans le lobe temporal médian, 9 ans après l’enquête alimentaire, par rapport à ceux déclarant une fréquence de consommation faible (<0,5 fois par jour). Aucune autre association n’était observée entre produits laitiers et d’autres régions vulnérables de la maladie d’Alzheimer. Dans l’ensemble, cette étude originale a fourni des résultats aussi concordants qu’inattendus et qui méritent maintenant d’être répliqués dans des contextes socio-culturels et environnementaux différents et contemporains, avant de décider de la place à accorder aux produits laitiers frais dans un régime alimentaire préventif de la santé cérébrale.