Thèse soutenue

Interactions médicamenteuses : étude de la prévalence, des risques encourus et développement d’outils de prévention

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Auteur / Autrice : Louis Létinier
Direction : Antoine Pariente
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Pharmaco-épidémiologie - Option pharmaco-épidémiologie, pharmaco-vigilance
Date : Soutenance le 03/03/2022
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Bordeaux)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Bordeaux population Health
Jury : Président / Présidente : Emmanuel Lagarde
Examinateurs / Examinatrices : Antoine Pariente, Emmanuel Lagarde, Lamiae Grimaldi-Bensouda, Jean-Luc Cracowski, Stéphanie Combes, Joëlle Micallef-Roll, Pierre Marquet
Rapporteurs / Rapporteuses : Lamiae Grimaldi-Bensouda, Jean-Luc Cracowski

Résumé

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Contexte Les interactions médicamenteuses (IM) seraient à l'origine de 2 à 5 % des hospitalisations chez les patients âgés et de 1 % des hospitalisations en population générale. Cependant, peu de données sont disponibles sur les médicaments concernés et sur la gravité des interactions rencontrées. Objectifs Les objectifs généraux de ce travail de thèse étaient : i) de décrire et évaluer la prévalence et les risques associés aux IM et IM potentielles (IMP) en France, et ii) de développer et évaluer des outils informatiques de prévention des IM et IMP à l'hôpital. Pour satisfaire au premier, nous avions pour objectifs spécifiques de : i) mesurer la prévalence des IMP de niveau de sévérité élevé en France, ii) évaluer l'association entre l’exposition aux IMP contre-indiquées (CI) et le risque d'hospitalisation en urgence dans la population générale, iii) décrire les événements indésirables (EI) rapportés au réseau français des Centres de pharmacovigilance et considérés comme résultants d’IM, iv) étudier la proportion des IMP classées comme sévères à l'origine d'une admission aux urgences chez les personnes âgées. Méthode La première partie de ce travail a été réalisée via quatre études utilisant différentes bases de données : deux études à partir de l'Echantillon Généraliste des Bénéficiaires (EGB) ; une étude transversale et une série de cas autocontrôlée, une étude à partir de la base de données nationale de pharmacovigilance (étude transversale), et une étude à partir du système d'information hospitalier du CHU de Bordeaux (étude transversale). La deuxième partie de ce travail a consisté à développer des outils numériques en collaboration avec la startup Synapse Medicine et à mettre en place des études d'évaluation de ces outils en collaboration avec des établissements hospitaliers. Résultats Parmi les 7 millions de délivrances de médicaments en villes étudiées à partir des données françaises de l'EGB, 0,2 % incluaient la co-délivrance de médicaments contre-indiqués en raison d’interactions et 1,4 % la co-délivrances d’associations de médicaments déconseillées, ce qui correspondrait annuellement à environ 900 000 associations contre-indiquées et six millions d’associations déconseillées. L’évaluation du risque d’hospitalisation aux urgences associé aux CI a permis de retrouver une forte augmentation du risque pendant la période d’exposition comparativement aux autres périodes de suivi avec un IRR à 2,41 (IC95% 1,55-3,76). L’analyse des données de pharmacovigilance a montré que les principaux EI attribués à des IM étaient de type hémorragique (46%), insuffisance rénale (8 %), altération pharmacocinétique (5 %) et arythmie cardiaque (4%). Celle des informations issues des urgences du CHU de Bordeaux a révélé une prévalence d'IMP contre-indiquées ou déconseillées de 6,4 % chez les patients de 75 ans et plus, dont 16 % avaient été jugées responsables de l’admission (45 % dans le cadre d’arythmies et de syndrome du QT long, 16 % liées à un surdosage médicamenteux, et 14 % liées à une hémorragie). Les développements d’outils étaient de deux natures : un outil d’analyse des pratiques des praticiens hospitaliers ; un outil d’aide à la prescription pour les gériatres. Ces outils aujourd’hui développés sont utilisés dans deux projets de recherche, l’un faisant l’objet d’un financement PREPS, et l’autre étant un essai clinique dont le promoteur est le CHU de Bordeaux. Conclusion Nos études conduisent aux constats suivants : i) une prévalence des IMP contre-indiquées et déconseillées élevée en France et en particulier chez les patients âgés, ii) l’identification des IM à risque hémorragique et des situations à risques d'allongement du QT et de Tdp comme les principales à considérer en termes de prévention, iii) une grande variété des situations d’IM en dehors de ces situations avec une part faible des IM de nature pharmacocinétique, et iv) la démonstration d’un risque très augmenté d’hospitalisation en période d’exposition aux IM CI.