Thèse soutenue

Marthe Richard : Représentations et autoreprésentations d'une figure féminine de la société française du XXème siècle : (1889-1982)

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Auteur / Autrice : Christophe Betenfeld
Direction : Christophe Lastécouères
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire moderne et contemporaine
Date : Soutenance le 15/11/2022
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études des mondes moderne et contemporain (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Christine Bouneau
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Lastécouères, Françoise Thébaud, Jean-Noël Grandhomme
Rapporteurs / Rapporteuses : Françoise Thébaud, Jean-Noël Grandhomme

Résumé

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Le 6 septembre 1946, les États-Unis honorent les services rendus par la citoyenne Marthe Richard à la nation américaine. Elle reçoit le grade cinq de la médaille de la liberté et un certificat de remerciements pour avoir caché des parachutistes alliés durant l’Occupation. Cette distinction s’ajoute à la Légion d’honneur pour services rendus à la France. Femme engagée et active, elle est également à l’initiative de la fermeture de toutes les maisons parisiennes de tolérance. Ce personnage complexe n’a jamais fait vraiment l’objet d’études historiques approfondies. Femme du XXe siècle, émancipée et libre, la trajectoire de Marthe Richard paraît exceptionnelle et les sources abondent pour la redécouvrir.La recherche de la liberté de la jeune Lorraine guide ses premiers choix à travers un contexte géopolitique, économique et social peu propice à l’émancipation féminine. Héritant de racines rurales, modestes et antiprussiennes, elle grandit à Nancy, ville refuge, avant d’échapper à son déterminisme social. La rencontre capitale avec Henri Richer lui permet de devenir une femme libre. Pionnière de l’aviation féminine, elle est enrôlée dans le contre-espionnage pendant la guerre. L’éclairage de cette première partie de sa vie permet de se prémunir des récits légendaires postérieurs qui entourent le personnage. Ensuite, le processus de fabrication de l’héroïne Marthe Richard par le commandant Ladoux, en 1932, aboutit à sa mue, à sa reconnaissance et à son « autoreprésentation ». Le traitement médiatique réservé à notre personnage nous interpelle sur le mécanisme de la première « pipolisation » d’une héroïne française. Enfin, Marthe Richard apparaît comme une personnalité au cœur de l’Histoire. Rejetant le gouvernement de Vichy, elle est élue conseillère municipale de Paris, puis initie la fermeture des maisons closes. Rapidement diabolisée, compromise, elle est décriée. La surmédiatisation a déformé le mythe de l’héroïne, entraînant le personnage, peu à peu, vers sa déconstruction. Plus qu’une biographie, cette plongée aux sources de la vie de Marthe Richard permet d’étudier son parcours et ses différentes formes de mémoire comme un tout, intégrant ses contradictions, ses discontinuités et son intériorité, non à travers l’unique prisme de la loi de fermeture des maisons closes et de ses polémiques, finalement peu en rapport avec l’historicité du personnage.