Structure et évolution du chanté nwel en Guyane Française : patrimoine d’une tradition pour les valeurs et la cohésion sociales

par Emmanuella Bade

Thèse de doctorat en Arts plastiques, musicologie

Sous la direction de Apollinaire Anakesa Kululuka.


  • Résumé

    Le Chanté Nwèl est une forme d’expression artistique et culturelle créole des Antilles‑Guyane françaises, autour de laquelle se réunissent familles et entourages, pour chanter viva voce cantiques et noëls durant le mois de décembre. Pour autant, dans les anciennes colonies françaises et plus particulièrement en Guyane, son histoire demeure peu connue voire carrément méconnue. Il s’agit du Chanté Nwèl, hérité d’une pratique encore plus ancienne, nommée Chanté Kantik et dont les origines remontent à la période esclavagiste. Le Chanté Nwèl a émergé, à la fin des années 1980, simultanément à la Martinique et la Guadeloupe, sous l’impulsion d’acteurs locaux alors désireux de perpétuer la tradition des chants et cantiques de Noël. En Guyane française, une poignée de Créoles antillais qui, soucieux de préserver leur identité, devinrent involontairement les principaux instigateurs de l’émergence du Chanté Nwèl à la fin de la décennie suivante (1995-2000). Dès lors, le Chanté Nwèl suscitera un engouement sans précédent auprès de la société guyanaise. L’étude de cette réalité culturelle, au travers de la thèse, présent un double intérêt D’une part, elle vise à mettre en lumière la systématique d’un art de sons comportant plusieurs singularités techniques et esthétiques, en particulier mélodiques, dont les airs, riches en symboles et en significations, sont exécutés pendant une période tout autant particulière pour la vie socioculturelle de la population, lors des rassemblements spécifiques, dits Chanté Nwèl. Structurellement, des mélodies relativement courtes sont chantées sous les formes strophique et couplet/refrain. Les airs de Chanté Nwèl et de Chanté Kantik, d’ambitus assez réduit, sont très populaires et faciles d’exécution. Leur harmonie s’appuie sur le système tonal occidental, avec une prédominance du mode majeur. D’autre part, l’étude tient compte des plans ontologique, cognitif et sémiologique du Chanté Nwèl sur la terre guyanaise, en tant que pratique rituelle, comportant, entre autres, une sémiotique riche en réalités représentatives et en significations, ainsi qu’un jeu sur la dichotomie sacré‑profane, avec des fonctions et éléments d’une grande force cohésive. Pour répondre à la problématique sous-jacente, nous proposons une approche multidisciplinaire convoquant, plus singulièrement, les approches de l’histoire, de l’anthropologie et de la sociologie. Des résultats obtenus de nos analyses, la musique chanté nwèl, et plus particulièrement sa pratique vocale, apparaissent comme un puissant vecteur de cohésion sociale. Nous nous sommes également référée aux récentes études en neuroscience. Elles nous permettent une meilleure compréhension des fonctions cohésive et thérapeutique de ce rituel. Elles démontrent combien les effets de la musique influent sur l’organisme humain, par le biais des hormones. Par ce biais, nous sommes également parvenue à saisir que la force cohésive, par le Chanté Nwèl ou le Chanté Kantik, n’est pas une banalité, et elle est loin de ne l’être uniquement que par la musique. Pour parvenir à mieux rassembler les hommes, dans le cadre de ces pratiques rituelles en l’occurrence, la religion et les valeurs humaines sont également à l’œuvre, même si la religion comme les valeurs humaines n’attirent pas systématiquement une harmonie véhémente : elles peuvent, en effet, s’avérer exclusives.

  • Titre traduit

    Structure and evolution of chante nwel in French Guiana : heritage of tradition for social values and cohesion


  • Résumé

    The Chanté Nwèl is a form of Creole artistic and cultural expression from the French West Indies and Guiana, around which families and friends gather to sing christmas carols viva voce during the month of December. However, in the former French colonies and more particularly in Guyana, its history remains little know or even completely unknown. This is Chanté Nwèl, inherited from an even older practice, called Chanté kantik, whose origins date back to the slavery period. The Chanté Nwèl emerged at the 1980s, simultaneously in Martinique and Guadeloupe under the impetus of local actors wishing to perpetuate the tradition of Christmas carols. In French Guiana, a handful of West Indians Creole who, careful to keep their identity, involuntarily became the main instigators of the emergence of The Chanté Nwèl at the end of the following decade (1995-2000). From then on, The Chanté Nwèl aroused unprecedented enthusiasm in Guyanese society. The study of this cultural reality, through the thesis, presents a double interest. On the one hand, it aims to highlight the systematics of an art of sounds comprising several technical and aesthetic singularities, in particular melodic, whose these tunes, rich in symbols and meanings, are performed during an equally special period for the socio-cultural life of the population, during specific gatherings, called Chanté Nwèl. Structurally, relatively short melodies are sung in strophic and verse-chorus forms. The airs of The Chanté Nwèl and The Chanté Kantik, of rather limited range, are very popular and easy to perform. Their harmony is based on the Western tonal system, with a predominance of the major mode. On the other hand, the study takes into account the ontological, cognitive and semiological planes of The Chanté Nwèl on Guyanese


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