Thèse soutenue

Documenter internet : essais sur le réemploi d’internet dans le cinéma contemporain de non-fiction

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Auteur / Autrice : Chloé Galibert-Laîné
Direction : Antoine de BaecqueDork Zabunyan
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : SACRe, cinéma
Date : Soutenance le 29/10/2021
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Équipe d'accueil SACRe - Sciences, arts, création, recherche (Paris)
établissement de préparation de la thèse : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)
Jury : Président / Présidente : Antonio Somaini
Examinateurs / Examinatrices : Antoine de Baecque, Dork Zabunyan, Antonio Somaini, Christa Blümlinger, Alexandra Schneider, Catherine Grant, Catherine Bizern
Rapporteurs / Rapporteuses : Christa Blümlinger

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Cette thèse interroge les enjeux du réemploi de médias trouvés sur internet dans le cinéma de non-fiction contemporain. Elle est composée de deux essais vidéographiques et d'un essai écrit. Ces trois essais explorent les ressources respectives pour l'analyse des formats écrits et vidéographiques, et sans que les uns visent à illustrer ou à élucider les conclusions des autres, présentent des réflexions parallèles autour d'un même questionnement. Les deux essais vidéographiques prennent pour point de départ l'expérience spectatorielle de l'autrice face à deux films réalisés entièrement à partir de médias trouvés sur internet : The Pain of Others de Penny Lane (2018) et Watching the Detectives de Chris Kennedy (2017). Ces deux essais, conçus comme des journaux de recherche fictionnalisés, mettent en scène une chercheuse essayant de comprendre pourquoi ces deux films l'ont particulièrement touchée. Filmés depuis l'écran d'un ordinateur, les films suivent une enquête avançant par détours et libres associations et remontent, à partir des films de Lane et Kennedy, jusqu'aux sources des médias que ceux-ci réemploient. L'essai écrit part lui aussi d'une expérience spectatorielle. Il s'agit du malaise ressenti par l'autrice, et par de nombreux et nombreuses critiques, quant à la manière dont certains films réalisés à partir de médias trouvés sur internet négocient les différentes formes d'altérité que ces médias représentent : l'altérité esthétique, technologique, économique d'internet vis-à-vis du médium cinématographique ; l'altérité sociale, ethnique ou encore générationnelle des internautes vis-à-vis des cinéastes. Cherchant à comprendre ce que ce malaise recouvre, la thèse formule l'hypothèse selon laquelle ces films, du fait même de leur dispositif appropriationnel, courent le risque de participer à une forme d'exotisation des médias qu'ils réemploient, et des personnes qui les ont produits. La problématique de la thèse peut dès lors être formulée comme suit : quels dispositifs formels les cinéastes travaillant à partir de médias trouvés sur internet ont-ils et elles inventés pour négocier, au sein de leurs films, les différentes formes d'altérité que ces médias représentent ? Le premier chapitre expose le cadre théorique de l'ensemble de la thèse. Il justifie notamment du recours fréquent à l'histoire de la littérature sur le cinéma ethnographique, identifié comme un pan de l'histoire du cinéma de non-fiction où a été posée de manière particulièrement insistante et productive la question de l'exotisation. Les chapitres deux et trois poursuivent la réflexion en produisant l'analyse d'un corpus de dix films de non-fiction réalisés entre 2011 et 2019. Le chapitre deux s'intéresse à cinq films recourant à une approche observationnelle des médias d'internet, reposant sur l'invisibilisation relative des cinéastes au sein de leurs films. Le chapitre trois, à l'inverse, analyse cinq films adoptant une approche « à la première personne » : les cinéastes s'y mettent eux et elles-mêmes en scène, de manière plus ou moins fictionnalisée, face à internet. Le chapitre quatre prolonge et conclut cette réflexion en faisant retour sur la production des deux essais vidéographiques constitutifs de la thèse, présentés comme deux réponses « à la première personne » adressées à des films essentiellement observationnels. Synthétisant ces différentes analyses, la thèse identifie pour finir plusieurs déterminants communs entre les dispositifs formels identifiés comme permettant, sinon d'éviter entièrement la mise en œuvre des mécaniques exotisantes précédemment décrites, du moins d'en exposer explicitement les rouages, et d'inviter les spectateurs et spectatrices à s'en rendre critiques.