Thèse soutenue

La cognition sociale à l'épreuve du danger

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Auteur / Autrice : Morgan Beaurenaut
Direction : Julie GrèzesGuillaume Dezecache
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences cognitives
Date : Soutenance le 28/01/2021
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de neurosciences cognitives & computationnelles (Paris)
établissement de préparation de la thèse : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)
Jury : Président / Présidente : Elisabeth Pacherie
Examinateurs / Examinatrices : Julie Grèzes, Guillaume Dezecache, Elisabeth Pacherie, Pascal Huguet, Florian Bublatzky, Rachael E. Jack
Rapporteurs / Rapporteuses : Pascal Huguet, Florian Bublatzky

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Nos réactions en réponse à une menace ont très été souvent considérées comme individualistes et antisociales. Cependant, plus de cinquante ans de recherche en sociologie et en psychologie sociale indiquent que les humains favorisent des stratégies sociales lorsqu'ils sont en danger. En effet, des cas de coopération et d'entraide sont souvent rapportés dans la littérature sur les catastrophes naturelles ou sur les attentats. Pour mettre en œuvre de telles stratégies, il est nécessaire que des mécanismes cognitifs permettant de traiter les signaux sociaux véhiculés par les autres afin d'agir avec eux soient : mise en place, maintenus et voire optimisés en situations d'anxiété intense. Comprendre comment le danger reconfigure la perception de notre environnement social, comment nous représentons les autres et leurs actions, ainsi que les motivations sous-jacentes à de telles stratégies, représente un défi théorique important. Pour aborder cette question, nous avons mené 3 études. Dans la première, nous avons validé une méthode intra-sujet pour induire de l'anxiété de manière soutenue et stable : le paradigme du ‘Threat-of-Scream’ qui consiste à alterner des blocs dans lesquels les participants sont à risque d'entendre des cris de détresse aversifs à tout moment (blocs de menace) avec des blocs dans lesquels ils ne sont pas du tout exposés à des stimuli aversifs (blocs de sécurité). Dans une deuxième étude, nous avons utilisé cette procédure pour étudier comment la co-représentation d’action (c'est-à-dire la capacité à intégrer automatiquement les actions d'autrui dans nos propres plans d'action pour faciliter la coordination de nos actions) est affectée sous la menace. Les résultats semblent montrer que la co-représentation (évaluée en mesurant l'amplitude de l'effet Simon Social) est maintenue en contextes de menace et semble être particulièrement accrue lorsque les participants sont exposés à un danger à proximité de partenaires en sécurité. Nos résultats suggèrent que la fonction potentielle de la co-représentation d’action pourrait être de promouvoir des stratégies sociales essentielles pour sa propre survie. Enfin, la troisième étude s'est intéressée à la manière dont les visages exprimant de la peur sont perçues sous la menace. En effet, selon la direction du regard qui leur est associée, ils peuvent être évalués soit comme signalant la présence d'une menace potentielle dans le milieu environnant (regard dévié), soit comme un signal de détresse et de besoin d'aide potentiel (regard direct). À l'aide d'une tâche de catégorisation, nous avons cherché à savoir si les signaux liés au danger ou les signaux de détresse étaient favorisés lorsque les participants étaient à risque d’entendre des cris aversifs. Nous avons observé que l'évaluation des signaux liés au danger véhiculés par les expressions faciales de peur est priorisée en contextes de menace, et cela sans moduler l'évaluation des signaux de détresse. Dans l'ensemble, nos résultats suggèrent que si les stratégies sociales sont maintenues sous la menace, elles pourraient être soutenues par des motivations d'autoprotection.