Thèse soutenue

Louis-Philippe, roi bâtisseur : le rêve d'une nation unifiée. Le chantier du château de Versailles de 1830 à 1848

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Auteur / Autrice : Eric Landgraf
Direction : Jean-Claude Yon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et Histoire des arts
Date : Soutenance le 15/06/2021
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences Sociales et Humanités
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'histoire culturelle des sociétés contemporaines (Guyancourt, Yvelines ; 1998-....)
référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....)
Jury : Président / Présidente : Chiara Santini
Examinateurs / Examinatrices : Éric Anceau, Valérie Bajou, Rossella Froissart, Arnaud Bertinet
Rapporteurs / Rapporteuses : Chiara Santini, Éric Anceau

Résumé

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En décidant, en 1832, de transformer le château de Versailles en un musée historique et militaire évoquant toutes les époques glorieuses de la France et, en premier lieu, son régime, le roi Louis-Philippe marque d'une empreinte durable le chef-d’œuvre de son aïeul Louis XIV et, au travers d'une scénographie grandiose, adresse un message politique fort au pays. L’importance du chantier témoigne de l’investissement personnel du monarque dans la protection des monuments patrimoniaux. Conduit par le bras armé du souverain, la Liste civile, le chantier alors entrepris fait se transformer le château en un lieu de mémoire. Louis-Philippe cherche ainsi à fédérer les divers courants politiques et à les unifier dans un site unique dédié à la nation postrévolutionnaire. Cet acte royal ouvre la voie à la configuration du Palais tel que nous le connaissons aujourd’hui. La remarquable fréquentation du lieu qui en résulte marque le début de la démocratisation progressive du monument. Des travaux d’ampleur vont modifier pour toujours les grands appartements des ailes du Midi, du Nord et du Corps principal. Au cours de notre étude, nous avons voulu faire revivre les metteurs en scènes de ce nouveau décor, à savoir l’élite des fonctionnaires de la Liste civile, les opérateurs ou entreprises soumissionnés et les acteurs immédiats, les ouvriers – tous à l’œuvre sur le plus grand chantier culturel de la monarchie de Juillet. Le relevé des effectifs et la consultation des mémoires de travaux permettent d’appréhender la prolifération des tâches, de déterminer les trois grands ensembles de travaux – « entretien », « grosses réparations » et « travaux nouveaux et extraordinaires » – et d’étudier la concrétisation du parcours. Les démolitions transforment les lieux, les décorations ajoutées modifient le style d’origine et le musée expose en majorité les œuvres d’art peintes et sculptées par les artistes renommés de la période dans un cadre choisi et modernisé par le monarque. Notre étude établit enfin, grâce à un strict examen des archives comptables, le bilan financier du chantier, projet controversé à l’époque, dont les dépenses surveillées par une administration tatillonne sont bousculées par un roi tantôt trop économe, tantôt exagérant ses demandes au détriment du budget alloué. Le bilan social, quant à lui, apparaît plus contrasté. Il conforte l’idée que la monarchie de Juillet est bien une société libérale et inégalitaire, enrichissant les plus fortunés et ne concédant aux pauvres que de faibles revenus en échange d’un travail pénible. Le chantier du château de Versailles, reflet du monde entrepreneurial et ouvrier du milieu du XIXe siècle, constitue un condensé de l’organisation administrative, politique et économique de la France de Louis-Philippe.