Thèse soutenue

Rôle et fonctionnement des atmosphères naturelles ou faiblement polluées dans la régulation de la capacité oxydante de l’atmosphère terrestre

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Auteur / Autrice : Cyril Caram
Direction : Sophie Laval-SzopaSlimane Bekki
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Chimie atmosphérique
Date : Soutenance le 25/06/2021
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'environnement d'Île-de-France (Paris ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 1998-....) - Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement
Jury : Président / Présidente : Philippe Bousquet
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Laval-Szopa, Slimane Bekki, Céline Mari, Virginie Marecal, Jean-François Muller
Rapporteurs / Rapporteuses : Céline Mari, Virginie Marecal

Résumé

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La chimie des espèces halogénées (Cl, Br, I) dans l’atmosphère joue un rôle, à l’échelle mondiale, dans le puits chimique d'ozone troposphérique, gaz à effet de serre et source principale du radical hydroxyle (OH). Par conséquent, la chimie des composés halogénés peut affecter le radical OH dont la concentration est assimilée au pouvoir oxydant de la troposphère, et ainsi modifier le temps de vie de gaz à effet de serre comme le méthane. Néanmoins, cette chimie est rarement représentée pour la troposphère dans les modèles de chimie climat. Le modèle numérique tridimensionnel de chimie-climat LMDz-INCA, qui est inclus dans le modèle de système Terre de l’IPSL, a été utilisé tout au long de cette thèse pour comprendre et quantifier le rôle de la chimie des composés halogénés sur la chimie troposphérique photooxydante dans des atmosphères naturelles. Dans un premier temps, les espèces halogénées, leurs sources d’émissions vers l’atmosphère et leurs puits physiques, leurs réactions chimiques ont été intégrées dans INCA. Un important travail d’évaluation des résultats du modèle pour une simulation de référence d’un an a été réalisé en confrontant ces résultats à des synthèses d’observations in-situ des concentrations de composés halogénés et aux résultats de modèles équivalents. Il a été démontré que la représentation de cette chimie était suffisamment satisfaisante pour simuler l’impact des halogènes sur le système photooxydant dans la troposphère et particulièrement dans la couche limite atmosphérique. La réponse du système chimique troposphérique Ox, HOx, NOx, CH4 et COVs à ces changements a ainsi pu être quantifiée. À l’échelle de toute la troposphère, la charge massique d’O3 diminue de 22%, celle d’OH de 8% et celle des NOx de 33% lors de la prise en compte de la chimie des espèces halogénées.Pour mieux appréhender l’ampleur de ces changements sur la capacité oxydante et en comprendre les mécanismes, des tests de sensibilités, consistant à diminuer tour à tour les émissions ou concentrations des précurseurs de l’ozone, ont été réalisés. Ceux-ci ont montré qu’avec la prise en compte de la chimie des composés halogénés, l’O3 devient plus sensible aux perturbations en NOx, CH4 et COV. Par contre, le radical OH devient plus résilient face à ces perturbations puisqu’il devient moins dépendant de l’O3 et plus dépendant de ses autres sources chimiques, espèces halogénées y compris. La comparaison entre les simulations pour des conditions préindustrielles et présentes ont montré que la sensibilité de la charge massique d’ozone troposphérique aux changements d’émissions qui se sont déroulées depuis 1850 est ~20% plus faible lorsque la chimie des composés halogénés est prise en compte. Afin de mieux comprendre la résilience du radical OH face à des changements d’émissions, la probabilité de recyclage a été quantifiée. Dans un scénario préindustriel, r augmente de 12% ce qui montre l’importance de la considération de la chimie des composés halogénés pour explorer la chimie oxydante des atmosphères du passé. Pour les conditions actuelles, r dépasse 60% en moyenne mondiale, suggérant qu’un effet tampon sur les concentrations d’OH se met en place. L’impact de la chimie des composés halogénés étant important sur les changements de charge massique de l’ozone et la capacité oxydante, entre l’époque préindustrielle et aujourd’hui, les exercices internationaux s’intéressant à l’évolution de ces espèces entre le préindustriel, le présent et le futur auraient intérêt à considérer cette chimie pour mieux caractériser le forçage radiatif lié notamment à l’ozone.