Thèse soutenue

Ingénierie de la surface de nanoparticules poreuses chargées en molécules actives

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Auteur / Autrice : Jingwen Qiu
Direction : Ruxandra Gref
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Chimie
Date : Soutenance le 07/09/2021
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences chimiques : molécules, matériaux, instrumentation et biosystèmes
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences moléculaires d'Orsay (2010-....)
référent : Faculté des sciences d'Orsay
Jury : Président / Présidente : Laure Catala
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Luc Six, Patrick Saulnier, Giorgia Urbinati, Estelle Marion
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Luc Six, Patrick Saulnier

Résumé

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L'utilisation de nanomatériaux hybrides organiques-inorganiques (nanoMOFs) pour le diagnostic et le traitement de maladies graves, telles que le cancer et les infections, suscite un intérêt croissant. Cependant, immédiatement après leur administration, les nanoMOFs interagissent fortement avec leur environnement physiologique, notamment avec les protéines plasmatiques. Par conséquent, ils sont rapidement éliminés de la circulation sanguine et ne peuvent atteindre leurs cibles. Cette élimination prématurée limite considérablement l'utilisation des nanoMOFs en pratique clinique. Pour relever les défis liés à la séquestration des nanoMOFs par le système immunitaire, nous avons développé deux stratégies pour recouvrir les nanoMOFs de revêtements "furtifs". Pour ce faire, des chaînes de poly(éthylène glycol) (PEG) ont été greffées de manière covalente à des polymères qui ont été adsorbés sur les nanoMOFs. Par rapport aux nanoparticules denses non-poreuses, la modification de surface des nanoMOFs poreux est beaucoup plus difficile. En effet, il a été révélé que les chaînes de PEG peuvent pénétrer dans les pores, chassant le médicament encapsulé. Par conséquent, dans cette étude, nous avons développé différentes stratégies pour modifier la surface des particules de nanoMOFs avec des revêtements multifonctionnels sans perturber leur capacité d’encapsulation de médicaments. La première stratégie a consisté à synthétiser des copolymères de type « peigne » constitués de dextran (DEX), de PEG et d'alendronate (ALN). Le DEX agit comme une macromolécule volumineuse empêchant les chaînes de PEG de pénétrer à l'intérieur des nanoMOFs, tandis que les fragments d'ALN sont des groupes complexant le fer pour ancrer fermement les revêtements aux nanoMOFs. Les copolymères DEX-ALN-PEG ont été obtenus par chimie click. Ils ont été spontanément adsorbés sur les nanoMOFs par incubation dans l'eau. Comme alternative, d’autres matériaux de recouvrement cette fois biodégradables ont été obtenus en réticulant la γ-cyclodextrine (CD) greffée au PEG avec de l'acide citrique, qui peut également se coordonner efficacement avec les sites de fer disponibles de la surface des nanoMOFs. En outre, les cavités CD offrent des avantages supplémentaires tels que l'incorporation de médicaments à l'intérieur de la couronne. Les copolymères pourraient également être fonctionnalisés avec des fluorophores tels que les cyanines-5, permettant ainsi de comprendre le mécanisme d'enrobage. La doxorubicine (DOX) a été incorporée avec succès dans les nanoMOFs, atteignant des charges allant jusqu'à 64.3±2.3 wt%. D'après les études de résonance magnétique nucléaire à l'état solide (ssNMR), la DOX se trouvait à la fois dans les cœurs et dans les coquilles. Fait remarquable, la DOX incorporée n'a pas été libérée à un pH physiologique de 7,4, alors qu'elle l'a été immédiatement dans un milieu mimant le lysosome artificiel (ALF). Les études par microscopie confocale ont confirmé ces résultats : lorsque les nanoMOFs ont été mis en contact avec des cellules cancéreuses (lignée cellulaire Hela), la DOX n'a pas été libérée dans le milieu extracellulaire, mais uniquement à l'intérieur des cellules. Il est intéressant de noter que les nanoMOFs pénètrent à l'intérieur des cellules avec leur revêtement, puis se dégradent dans le milieu intracellulaire, libérant à la fois leur revêtement et la substance active, ce qui a permis d'éradiquer les cellules cancéreuses. Cette étude ouvre la voie à l'ingénierie de surface de particules hautement poreuses pour des applications biomédicales.