Thèse soutenue

Approche multi-temporelle et systémique du risque d'inondation dans le bassin fluvial moyen de l'oued Medjerda (Tunisie septentrionale)

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Auteur / Autrice : Lotfi Lahmar
Direction : Gilles Arnaud-Fassetta
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie. Dynamique des milieux et risques
Date : Soutenance le 26/03/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pôle de recherche pour l'organisation et la diffusion de l'information géographique (Paris ; 1988-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Pierre Guilhembet
Examinateurs / Examinatrices : Monique Fort, Aline Garnier, Fouad Zargouni
Rapporteurs / Rapporteuses : Catherine Kuzucuoğlu, Jean-Michel Carozza

Mots clés

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Résumé

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Le bassin fluvial populeux de la moyenne Medjerda, en Tunisie, est fortement exposé aux dangers d'inondation et de stagnation des eaux. Les causes en sont doubles : d'un côté, des conditions pluvio-hydrologiques et topo-géologiques du milieu naturel favorables, de l'autre, des modes d'occupation et d'aménagement du territoire (bâti, barrage…), ne répondant pas toujours à ces conditions. L'étude des risques pluviaux et fluviaux, à travers une approche systémique et diachronique, révèle d'importants impacts tant sur le plan environnemental qu'humain. L'examen morphostratigraphique des archives sédimentaires montre que l'activité des eaux courantes est à l'origine de modelés souvent de cône de déjection, de terrasse et de banquette, d'âge historique. L'étude géoarchéologique et historique du paysage fluvial depuis les Romains fait apparaître que, le niveau topographique sur lequel se sont installés les anciens était de 2 à 6 m plus bas que l'actuel. En témoignent des constructions humaines enfouies sous les alluvions, du fait d'une phase de remblaiement qui s'est probablement produite à l’Antiquité tardive. La section des vallées était plus large que celle d'aujourd'hui alors que le tracé fluvial était moins sinueux. Cela reflète la variabilité du régime fluviatile et renvoie à des moments de crise que sont les crues vécues jadis par les riverains. L'approche géomatique et de terrain indique que l'activité géodynamique au cours des trois derniers siècles (fin du XIXe - début du XXIe siècle) est généralement notable. L'essentiel du travail fluvial se produit à l'occasion d'événements pluvio-hydrologiques majeurs, ayant souvent des impacts socio-environnementaux. Les processus qui y interviennent sont variés tels que les changements de tracé des chenaux (divagations et défluviations), les recoupements de méandre, les incisions fluviatiles (linéaire et latérale) et les remblaiements sédimentaires. L'action de l'eau et de l'Homme est responsable de différentes formes de perturbations sociales et environnementales comme la dégradation du patrimoine hydraulique et archéologique. Le recoupement de témoignages par les archives surtout ainsi que le couplage de données de terrain, SIG et télédétection laissent voir que le phénomène d'inondation, aujourd'hui, est nettement plus fréquent et menaçant que par le passé. Le bilan des décès fait état de 131 morts (1886-2015) tandis que les dommages aux biens matériels sont la plupart du temps considérables, parfois inestimables et difficilement supportables. Les riverains se sentent toujours livrés à eux-mêmes et tout le monde s'interroge : à quand la prochaine crise ?