Thèse soutenue

Vers une meilleure compréhension des liens entre émotion et posture : rôle des traits individuels dans les tendances à l'action

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Auteur / Autrice : Angélique Lebert
Direction : Dorine Vergilino-PerezLaurence Chaby
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 24/11/2021
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine ; 1996-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Vision, Action, Cognition (Paris ; 2012-...)
Jury : Président / Présidente : Nicolas Poirel
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Poirel, Christine Assaiante, Alessandro Farnè, Nathalie George, Thierry Lelard
Rapporteurs / Rapporteuses : Christine Assaiante, Alessandro Farnè

Résumé

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Les interactions sociales impliquent la perception, la production et l'intégration de nombreux signaux sociaux et dépendent en partie de la valeur attribuée à ces signaux par chaque individu au regard de ses objectifs et motivations individuels. Si l'expression faciale et la direction du regard renseignent sur les intentions et les états émotionnels d'autrui et sont un vecteur du comportement pro-social, la distance interpersonnelle doit être ajustée en permanence en fonction des états émotionnels d'autrui et joue un rôle capital dans nos interactions sociales. Ces différents signaux sociaux sont au coeur du traitement émotionnel et ont une fonction 'motivationnelle', préparant l'organisme à agir par des tendances à l'action telles que l'approche ou l'évitement. Dans ce contexte, l'objectif de cette thèse est d'intégrer les émotions dans la boucle Perception-Action en tant que prédispositions à agir et d'examiner comment les traits individuels de personnalité peuvent moduler ces relations. L'intérêt des travaux présentés dans cette thèse est double : 1) sur le plan moteur, quantifier les tendances à l'action par des mesures posturographiques. De telles mesures permettent de prendre en compte à la fois la stabilité globale posturale et les comportements d'approche et d'évitement face à différents stimuli sociaux (visages combinant différentes expressions faciales, regard dévié ou direct et mouvement d'approche et de retrait, vidéos émotionnelles), 2) sur le plan perceptif, évaluer comment l'ajustement de la distance interpersonnelle ou le jugement de l'étendue des directions de regard dirigé vers soi varient en fonctions des expressions faciales d'autrui. Globalement, la présente thèse suggère que 1) sur le plan moteur la stabilité posturale dépend à la fois de la complexité et du caractère dynamique de la stimulation, ainsi que de la combinaison des indices socio-émotionnels ; les tendances à l'action dépendent des émotions et du mouvement d'autrui, se traduisant notamment par un comportement d'approche face à des visages de joie, tristesse ou peur, un comportement de freezing en réponse à des visages de dégoût et un comportement d'évitement face à des visages de colère, 2) sur le plan perceptif, l'ajustement de la distance interpersonnelle et le jugement de l'étendue des directions de regard dirigé vers soi dépendent de l'émotion d'autrui. Les traits individuels modulent de façon toutefois modérée les effets tant sur le plan de la perception que de l'action. Cette thèse présente également un volet clinique apportant un éclairage sur les liens entre émotion et posture chez des enfants et des adolescents porteurs d'un kyste arachnoïdien de la fosse postérieure, qui par son aspect potentiellement compressif sur le cervelet, affecte les processus moteurs, cognitifs et socio-émotionnels. Nos données ont permis de faire émerger deux profils neuropsychologiques distincts : un premier profil où le patient présentait des difficultés essentiellement sur le plan postural sans difficultés socio-émotionnelles majeures, et un deuxième profil où le patient associait des difficultés à la fois posturales, ainsi que socio-émotionnelles et comportementales. En conclusion, cette thèse offre de nouvelles perspectives sur les liens entre les émotions et la posture dans les interactions sociales qui pourraient notamment être pertinentes pour des investigations cliniques prenant en compte les relations entre des perturbations des systèmes moteur et socio-émotionnel.