Thèse soutenue

Apport des données Sentinel-1 pour le suivi continu de la forêt tropicale : cas de la Guyane

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Auteur / Autrice : Marie Ballere
Direction : Pierre-Louis Frison
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences et Technologies de l'Information Géographique
Date : Soutenance le 22/11/2021
Etablissement(s) : Université Gustave Eiffel
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mathématiques, Sciences et Technologies de l'Information et de la Communication (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire en Sciences et technologies de l'information géographique (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne) - Laboratoire en Sciences et technologies de l'information géographique (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne)
Jury : Président / Présidente : Laetitia Thirion
Examinateurs / Examinatrices : Pierre-Louis Frison, Jérôme Chave, Thierry Koleck, Pierre Couteron, Inge Jonckheere
Rapporteurs / Rapporteuses : Jérôme Chave

Résumé

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Les forêts tropicales abritent la biodiversité la plus riche de notre planète et jouent un rôle particulièrement important dans le stockage du carbone et le cycle de l’eau. Le suivi de la dégradation de ce milieu est un défi d’actualité car il représente un danger immédiat pour l’environnement et la biodiversité. Par ailleurs, depuis 2014, la mise en orbite des satellites Sentinel dans le cadre du programme européen Copernicus constitue une réelle révolution dans le panorama des capteurs d’observation de la Terre existants jusqu’alors. En effet, des données optiques (Sentinel-2) et radar (Sentinel-1) sont, depuis lors, accessibles librement à tous et permettent des acquisitions à une résolution décamétrique et une répétitivité allant de 5 à 12 jours selon la région analysée. L’objectif de cette thèse consiste donc à développer des méthodes pour le suivi de la forêt tropicale basées sur des données radar Sentinel-1 et des produits de cartographie exogènes. Plus spécifiquement, l’étude a pour but de fournir des outils pour observer le déboisement, en produisant des cartes en quasi-temps réel, puis en caractérisant les zones détectées avec la cause de leur déboisement. Ces informations sont nécessaires à l’estimation et au suivi du déboisement sur les zones tropicales, et à la lutte contre les défriches illicites.La région test est la Guyane. Couverte à plus de 95% par la forêt, elle est caractérisée par de nombreux types de perte forestière permettant de valider la méthode sur de nombreuses caractéristiques. De plus, ce territoire étant relativement bien surveillé, beaucoup de données cartographiques d’occupation du sol sont disponibles pour situer les déboisements ou pour servir de référence au niveau spatial. La première phase du travail est l’amélioration d’une méthode de détection du déboisement à partir des données Sentinel-1 et son évaluation sur la Guyane. La validation de la carte produite s’appuie sur 1 867 données (de différents types de déboisement) produites de manière indépendante, et représentant un total de 2 124.5 ha à travers toute la Guyane sur une période de 2 ans. Les résultats obtenus sur la Guyane au niveau spatial sont très satisfaisants : 96% de précision sur les surfaces déboisées et 81.5% de rappel. La mise en place d’une campagne terrain a rendu possible l’estimation du côté quasi-temps réel de la méthode sur 26 parcelles et avance un délai médian de détection de 3.5 jours. Une comparaison avec un produit optique souvent pris comme référence, a démontré l’avantage des données Sentinel-1 pour ces régions caractérisées par de fortes couvertures nuageuses. Cette meilleure performance s’observe tant sur le plan spatial (rappel du radar supérieur de plus de 35%), que sur le plan temporel (un tiers des zones déboisées nécessitant une surveillance est détecté avec 3 mois de retard par les images optiques). La deuxième partie du travail consiste à caractériser les zones déboisées détectées afin de déterminer leur cause. Pour cela, des méthodes d’apprentissage automatique ont été utilisées pour choisir des indicateurs cartographiques pertinents, permettant de produire un modèle prédictif simple, fiable, automatique et utilisable à l’échelle de la Guyane en temps-réel. Les indicateurs F-scores de chaque type de déboisement sont de 97% pour l’orpaillage et l’agriculture, 95% pour l’exploitation forestière, 87% pour l’urbanisation et 76% pour la classe « autre », pouvant se rapporter à des perturbations naturelles. Ce travail a montré la pertinence d’utiliser des indicateurs cartographiques pour déterminer la cause des déboisements en Guyane, permettant cette identification en temps-réel. Ces travaux qui démontrent le potentiel des données Sentinel-1 pour le suivi continu des forêts tropicales ont été menés en interaction avec les acteurs locaux. Ils montrent également la complémentarité de systèmes provenant de capteurs différents et pourront être poursuivis en ce sens