Modélisation de l'effet des stratégies de gestion de l'utilisation des sols sur la durabilité des systèmes socio-écologiques
Auteur / Autrice : | Diego Bengochea Paz |
Direction : | Michel Loreau, Kirsten Henderson |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Écologie, biodiversité et évolution |
Date : | Soutenance le 06/12/2021 |
Etablissement(s) : | Toulouse 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences écologiques, vétérinaires, agronomiques et bioingénieries (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Station d’écologie théorique et expérimentale (Moulis ; 2016-....) |
Jury : | Président / Présidente : Jérôme Chave |
Examinateurs / Examinatrices : Sandra Luque, Jean-Denis Mathias | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Stefano Balbi, Matthew Mitchell |
Mots clés
Résumé
La croissance de la population humaine, ainsi que l'augmentation de la consommation de ressources par habitant, exercent une pression énorme sur la biosphère. La demande croissante de ressources entraîne une expansion et une intensification agricoles sans précédent dans les paysages du monde entier. En conséquence, la perte et la fragmentation des habitats atteignent des niveaux alarmants dans plusieurs des régions les plus vierges et riches en biodiversité du monde, menaçant ainsi la fourniture de services écosystémiques. Cependant, la production agricole dépend des services fournis par les écosystèmes comme la pollinisation, la lutte antiparasitaire ou le cycle des nutriments. Cela soulève des inquiétudes concernant la durabilité du système agricole mondial, de sorte que atteindre la sécurité alimentaire tout en préservant la nature est une préoccupation primordiale pour les sociétés humaines du monde entier. La recherche sur les stratégies de gestion durable de l'utilisation des sols s'est concentrée sur la conception de configurations paysagères optimales qui maximisent conjointement les rendements agricoles et la biodiversité. Deux stratégies de gestion opposées ont émergé de cette perspective : le 'land-sparing', c'est-à-dire la séparation entre l'agriculture à haute intensité et des terres naturelles et le 'land-sharing', c'est-à-dire l'intégration d'une agriculture de faible intensité, respectueuse de la biodiversité, dans la matrice naturelle. Le cadre conceptuel 'land-sparing' vs. 'land-sharing' a contribué à l'avancement de la recherche sur la gestion de l'utilisation des sols. Cependant, elle présente un certain nombre de limitations qui constituent un obstacle au développement de politiques de gestion durable des paysages agricoles. Premièrement, bien que la question des modèles spatiaux soit au cœur du cadre conceptuel, la question des échelles spatiales auxquelles il faut appliquer les strategies n'a pas été débatue en profondeur. Deuxièmement, le débat ignore les moteurs sociaux du changement d'affectation des terres, omettant ainsi la complexité socio-écologique des paysages agricoles. L'objectif de cette thèse est d'intégrer des rétroactions bidirectionnelles entre la démographie humaine, la prise de décision et la dynamique des terres dans la recherche sur la gestion de l'utilisation des sols. Le but étant de développer une compréhension plus complète de la durabilité des systèmes couplés homme-paysage à travers de multiples scénarios de gestions des terres. Ceci est réalisé grâce au développement de modèles dynamiques qui décrivent la dynamique couplée de la population humaine et de l'utilisation des sols. Premièrement, j'examine dans quelle mesure, les augmentations de l'intensification agricole doivent s'accompagner de réductions de l'expansion agricole pour garantir la durabilité du système. Je démontre comment une politique bien intentionnée imposant un seuil naïf entre intensification et expansion peut conduire à un effondrement socio-écologique. Deuxièmement, je développe un modèle spatialement explicite pour examiner l'effet de l'intensification et de l'agrégation agricoles sur la fragmentation du paysage et les dynamiques socio-écologiques. Plus précisément, je démontre comment une rétroaction inattendue entre la fragmentation du paysage et la dynamique des populations humaines provoque l'effondrement du système socio-écologique. Troisièmement, j'examine l'effet de l'interaction entre l'échelle spatiale et la stratégie de gestion sur la durabilité des paysages agricoles au niveau socio-écologique. Je démontre que les stratégies mixtes, dans lesquelles les grandes exploitations font du 'land-sparing' et les petites du 'land-sharing', augmentent les chances de durabilité.