Thèse soutenue

Interactions entre coraux scléractiniaires, les diazotrophes planctoniques et le picoplancton dans le contexte du changement climatique

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Auteur / Autrice : Valentine Meunier
Direction : Fanny HoulbrèqueSophie Bonnet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie marine
Date : Soutenance le 30/04/2021
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'environnement d'Île-de-France (Paris ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Unité de Recherche 250 ENTROPIE Ecologie marine tropicale des océans Pacifique et Indien, Institut de Recherche pour le Développement (IRD Nouvelle-Calédonie)
Jury : Président / Présidente : Claude-Elisabeth Payri
Examinateurs / Examinatrices : Sylvain Agostini, Christine Ferrier-Pagès, Mathieu Pernice
Rapporteurs / Rapporteuses : Ilana Berman-Frank, Francesca Benzoni

Résumé

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Les coraux constructeurs de récifs, sont à la fois autotrophes (ils vivent en symbiose avec des microalgues de la famille des Symbiodiniaceae) et hétérotrophes, c’est à dire qu’ils sont capables de se nourrir sur une gamme de proies allant de la matière organique dissoute, au plancton. Les récifs coralliens sont menacés par le réchauffement climatique, qui perturbe la symbiose entre les coraux et leurs symbiontes, entraînant un blanchissement massif des coraux. Les diazotrophes planctoniques, capables de fixer le diazote (N2) atmosphérique en azote (N) biodisponible (l’ammonium, NH4+), et de transférer cet N Dérivé de la Diazotrophie (appelé DDN) le long du réseau trophique, pourraient constituer une source alternative de nutriments pour les coraux. Seule une étude préliminaire a montré qu’une espèce corallienne pouvait se nourrir sur ces diazotrophes planctoniques (Benavides et al., 2016). Des diazotrophes symbiotiques vivent également en association avec les coraux et leurs transfèrent aussi du DDN. Dans le contexte du changement climatique, où les coraux sont menacés à la fois par l’acidification (AO) et le réchauffement des océans, ce travail se propose d’étudier le rôle de la diazotrophie planctonique et symbiotique dans l’acquisition d’N par les coraux et dans leur résistance/résilience à ces changements. (i) Dans un premier temps, nous avons déterminé les quantités d’N apportées par l’ingestion de diazotrophes planctoniques et symbiotiques au sein de trois espèces coralliennes. Nos résultats ont révélé que l’apport d’N par l’ingestion de diazotrophes planctoniques était répandu chez les coraux et que les taux d’assimilation par cette voie étaient mille fois plus importants que ceux obtenus par les diazotrophes symbiotiques. (ii) Nous avons également montré que des coraux blanchis étaient capables d’augmenter leur consommation de plancton diazotrophe mais également d’augmenter plus spécifiquement leur ingestion de Synechococcus. (iii) Une expérience menée in situ, sur des coraux se développant dans des résurgences naturelles de CO2 en Papouasie-Nouvelle Guinée, où la pCO2 est proche de celle prévue d’ici la fin du siècle, nous a permis de démontrer que les taux d'assimilation de DDN étaient plus élevés que dans le site contrôle, avec une communauté de diazotrophes spécifique à ce site, les Alphaprotéobactéries. (iv) Enfin, nous avons quantifié en laboratoire, les effets d’un stress de température sur les principaux paramètres physiologiques de coraux non nourris, ou nourris exclusivement avec des diazotrophes planctoniques. Ces coraux bénéficiant d’un apport en DDN par le plancton diazotrophe seraient plus résistants au blanchissement. Ils conservent davantage leurs Symbiodiniaceae et maintiennent leurs taux de croissance et de transfert d’électrons. Étant donné la forte abondance de picoplancton dans les eaux des lagons oligotrophes, nos résultats suggèrent que les coraux, capables d'ajuster la communauté de leur diazotrophes symbiotiques, et d'exploiter les sources de plancton riches en N, seraient plus résistants face au réchauffement climatique et à l’AO.