Thèse soutenue

Chercheur.ses et décideur.ses face aux politiques locales d'adaptation aux changements climatiques : les organisations-frontières comme creusets de savoirs actionnables

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Auteur / Autrice : Pascale Bosboeuf
Direction : Corinne Larrue
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aménagement de l'espace, Urbanisme
Date : Soutenance le 08/12/2021
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ville, Transports et Territoires
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lab'Urba (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne) - LAB'URBA / LAB'URBA
Jury : Président / Présidente : Agathe Euzen
Examinateurs / Examinatrices : Corinne Larrue, Florence Rudolf, Dominique Vinck, Christophe Cassou, Alexandre Magnan
Rapporteurs / Rapporteuses : Florence Rudolf, Dominique Vinck

Résumé

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Parmi les stratégies de prise en charge des problèmes liés aux changements climatiques (CC), l’adaptation a longtemps été gardée sous silence et reste encore secondaire dans les politiques climatiques locales en France (Rudolf, 2012 ; Bertrand et Richard, 2014). Petit à petit, une place croissante est accordée à l’anticipation des effets et des impacts locaux des CC, notamment à la faveur de la manifestation de plus en plus palpable de ces derniers, et de sa visibilité au sein du régime climatique international (Aykut et Dahan, 2011). Cet essor ne signifie pas la fin des difficultés de mise sur agenda ou de mise en œuvre (Richard, 2013 ; Leseur et Simonet, 2019 ; Dépoues et Guillou, 2019). De fait, l’adaptation aux effets et aux impacts des CC (ACC) présente des défis particulièrement retors à prendre pour les collectivités territoriales. Émaillée d’incertitudes quant à l’ampleur et à l’occurrence des conséquences à anticiper, mais aussi sur les retombées positives comme négatives des réponses à y apporter, l’adaptation concerne un très grand nombre de parties prenantes, dont les intérêts divergent souvent. L’ACC est une stratégie de réponse à des symptômes (effets et impacts) à un problème (les CC) qu’elle ne tend pas directement à régler (c’est l’objectif de l’atténuation). Ce sont là quelques unes des caractéristiques qui font de l’ACC un wicked problem (Rittel et Webber, 1973 ; Marquet, 2014). Ce type de problèmes particuliers invite à une prise en charge particulière (Riedy, 2013 ; Camillus, 2008 ; Walls, 2018), que les outils de pilotage des politiques publiques locales peinent à adresser. Cependant, cette thèse se propose d’explorer l’hypothèse selon laquelle les connaissances scientifiques mises à la disposition des décideurs territoriaux sont inadéquates pour accompagner la construction des stratégies d’adaptation. Les freins à l’élaboration de l’ACC locale seraient ainsi déjà en germe dans la construction des connaissances (Hegger et al., 2012) supposées l’éclairer. Élaborées le plus souvent à l’initiative des chercheuses et des chercheurs seuls, celles-ci sont difficiles à intégrer au processus de prise de décisions, ne renvoyant pas suffisamment aux compétences exercées par les collectivités territoriales et les gestionnaires locaux.J'en suis venue à interroger les « organisations frontières » (Jazanoff, 1987 ; Guston, 2001 ; Boissin, 2009) comme creuset facilitant l'émergence de « savoirs actionnables » (Mormont, 2008), voire de savoirs d’adaptation.Mon terrain d'étude principal est un comité de chercheuses et de chercheurs créé par le Conseil régional d’Aquitaine, et dont les activités perdurent sous le nom d’AcclimaTerra depuis la fusion des Régions et la création de la Nouvelle-Aquitaine. Deux cas de pratiques complètent les terrains : la communauté d'agglomération du Grand Châtellerault (86) et la communauté de communes des Grands Lacs (40).À travers une centaine d’entretiens semi-directifs, l’étude de la littérature grise et l’observation d’échanges publics ou plus fermés, il s’agit d’apprécier de quelle manière et dans quelle mesure cette organisation permet de dépasser la disjonction entre l’ACC-champ d’action public et l’ACC-objet de recherche. Cette thèse s’attache, en particulier, à analyser les objets, les scènes, les processus qui « font frontière », en gardant à l’esprit que la frontière produit un double mouvement : celui de séparer et celui de rapprocher (Ronsin, 2018).