Thèse soutenue

L’organisation de la santé en France depuis 1967 : Vers un gouvernement marchand ?

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Auteur / Autrice : Victor Duchesne
Direction : Philippe Batifoulier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 09/12/2021
Etablissement(s) : Paris 13
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'écononomie de Paris Nord
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jean-Paul Domin, Mehrdad Vahabi, Olivier Favereau
Rapporteurs / Rapporteuses : Florence Jany-Catrice, Sophie Harnay

Résumé

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Cette thèse a pour ambition de mettre en évidence le rôle de l’État central dans le changement institutionnel en santé des années 1960 à aujourd'hui. Pour y parvenir, nous adoptons une perspective théorique conventionnaliste et une démarche historique. A partir d'un moment fondateur, mais oublié de l'histoire de la Sécurité sociale, la réforme de 1967 dite Jeanneney, nous montrons comment l’État a progressivement pris le contrôle sur le système de santé au nom de ses objectifs économiques. Ainsi, dans une première partie nous montrons à partir de l'analyse des justifications de la réforme de 1967 que cette réforme constitue le moment où la Sécurité sociale est désormais subordonnée aux objectifs de politiques économiques portés par l’État. L’État prend le pouvoir politique des mains du monde du travail et met fin à la démocratie sociale incarnée par la Sécurité sociale de 1945. Dans une deuxième partie nous montrons que l’État pour assoir son pouvoir s'est équipé d'une administration sous forme d'agences, nouvelle bureaucratie technique intimement liée à l’État et à un mode de gouvernement néolibéral. Nous mettons en évidence la continuité historique avec la réforme de 1967 et la capacité d'adaptation au service de l’État des agences sanitaires notamment des Agences Régionales de Santé. Les agences constituent la solution organisationnelle pour concrétiser le contrôle étatique sur le système de soins et la Sécurité sociale. Enfin dans une troisième partie nous montrons que la réappropriation de la Sécurité sociale initiée en 1967 par l’État est aussi celle de la solidarité. Le choix par l’État de recourir au marché plutôt qu'à la Sécurité sociale l'a conduit à développer un ensemble de règles afin de concilier impératif de solidarité et logique marchande. Si l'effort de réglementation des Organismes d'Assurance Maladie Complémentaire peut être perçu, comme une tentative de contrainte étatique au détriment de la liberté concurrentielle, nous montrons que bien au contraire l'étatisation produit le marché et assure son développement par le transfert de l'impératif de solidarité