Thèse soutenue

Prévalence et caractéristiques de la fragilité chez les 50-75 ans vivant à domicile : la cohorte SUCCEED

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Auteur / Autrice : Lauriane Segaux
Direction : Sylvie Bastuji-GarinNadia Oubaya
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Santé publique - recherche clinique
Date : Soutenance le 02/07/2021
Etablissement(s) : Paris 12
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Santé Publique
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Mondor de Recherche Biomédicale (Créteil) - Institut Mondor de Recherche Biomédicale / IMRB
Jury : Président / Présidente : Alexis Elbaz
Examinateurs / Examinatrices : Sylvie Bastuji-Garin, Nadia Oubaya, Sylvie Bonin-Guillaume, Damien Jolly, Frédéric Pamoukdjian
Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvie Bonin-Guillaume, Damien Jolly

Mots clés

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Résumé

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La fragilité, très étudiée chez les individus âgés de 65 ans et plus, prédispose à des évènements défavorables de santé. Elle peut cependant survenir plus précocement. Par ailleurs, la littérature suggère que les troubles neurocognitifs non repérés (TNCNR), définis par l’altération d'un test cognitif chez des sujets sans plainte cognitive subjective (PCS), seraient prédictifs de PCS ultérieures, de déclin cognitif et de décès. Nos objectifs étaient : 1) d’estimer la prévalence des paramètres de fragilité dès 50 ans et leur association à des évènements de santé, 2) de réaliser une typologie en termes de paramètres de fragilité, et 3) d’évaluer la prévalence et le phénotype associé aux TNCNR chez les 50-65 ans indemnes de TNC majeurs.Méthode : Les données de volontaires de 50 ans et plus ayant consulté pour une évaluation gérontologique multidomaine dans un service de gériatrie ambulatoire en région parisienne et prospectivement inclus dans la cohorte SUCCEED (SUCCessful ageing outpatient Department) ont été analysées. Les événements défavorables de santé (chutes, fractures, hospitalisations non programmées et décès) ont été enregistrés en 2016-2017 via des entretiens téléphoniques. Nous avons 1/ réalisé une typologie par analyse en classes latentes (CL) sur 589 individus de 50-75 ans inclus entre 2010 et 2015, 2/ puis analysé la prévalence de paramètres de fragilité et leur association à des évènements défavorables chez les sujets de 50-65 ans inclus sur la même période (N=411). Enfin, 3/nous avons analysé la prévalence et le phénotype associé aux TNCNR, étudiés par le test de l’horloge et la Batterie d’Efficience Frontale (BREF), chez les 50-65 ans inclus entre 2010 et 2017 (N=516). Des modèles de régression logistique uni- et multivariés avec imputations multiples ont été réalisés ainsi que des analyses de sensibilité sur cas complets.Résultats : Cinq profils de fragilité ont été identifiés : en bonne santé (CL1, 29,7%, âge médian 59 ans) ; perte de poids, réduction de la vitesse de marche et ostéoporose (CL2, 33,2%, 63 ans) ; ostéopénie et faiblesse musculaire (CL3, 21,9%, 60 ans) ; altération des fonctions physiques et exécutives (CL4, 11%, 67 ans) ; altération de l'équilibre, des fonctions cognitives et risque de dépression (CL5, 4,3%, 70 ans). Les CL3 et 4, quasi exclusivement féminines, présentaient plus souvent un phénotype de fragilité physique. Les chutes étaient plus fréquentes dans la CL4 ; la CL5 (principalement masculine) était caractérisée par la présence de comorbidités et de facteurs de risque cardiovasculaire.Six paramètres de fragilité étaient prévalents chez les 50-65 ans (> 20%) : faible activité physique (40,1%), épuisement (31,3%), vivre seul (28,5%), troubles de l'équilibre (26,8%), faiblesse musculaire (26,7%) et syndrome dysexécutif (23,2%). Le sexe féminin (odds ratio : 2,67 [intervalle de confiance à 95% (IC 95%) : 1,17-6,11]), vivre seul (2,39 [1,32-4,33]), les troubles de l'équilibre (2,09 [1,16-3,78]), les troubles exécutifs (2,61 [1,18-5,77]) et l'épuisement (2,98 [1,65-5,39]) étaient des prédicteurs indépendants d'événements défavorables.Le test de l’horloge et la BREF étaient altérés chez 27,7% et 14,7% des 50-65 ans, la prévalence des TNCNR était de 36,2% [IC 95% : 32,2-40,5%]. Après ajustement sur l'âge et le niveau d'éducation, les sujets ayant des TNCNR étaient plus susceptibles d’avoir une obésité (1,89 [1,12-3,19]), un syndrome métabolique (1,98 [1,06-3,72]) et une vitesse de marche plus lente en double tâche motrice (1,26 [1,04-1,53]).Conclusions : De nombreux paramètres de fragilité sont déjà altérés chez les jeunes seniors et sont prédictifs d'événements défavorables de santé ; plus d'un tiers sont atteints de TNCNR. Nos résultats pourraient inciter à détecter les éléments de fragilité dès 50 ans pour améliorer la prise en charge et mettre en place des interventions personnalisées afin de prévenir la survenue d’évènements défavorables et le déclin cognitif.