Thèse de doctorat en Sciences de l'information et de la communication
Sous la direction de Valérie Devillard.
Soutenue le 29-10-2021
à Paris 2 , dans le cadre de École doctorale des sciences économiques et gestion, sciences de l'information et de la communication (Paris) .
Le jury était composé de Chloé Delaporte, Samuel Gantier, Kira Kitsopanidou, Tristan Mattelart.
La thèse porte sur les professionnels du documentaire de création. Ceux-ci revendiquent d’une part une forte dimension artistique, refusant tout formatage, notamment de la part des chaînes des télévisions, premiers financeurs et diffuseurs des documentaires. D’autre part, ces films porteraient une dimension politique, en appelant à l’intelligence du spectateur et favorisant une ouverture sur le monde social. À travers des entretiens et de l’observation, le terrain est centré sur les producteurs, les réalisateurs et les diffuseurs. La question est de savoir comment et pourquoi ces professionnels défendent leurs pratiques et les conditions de réalisation de leurs œuvres, vis-à-vis des moyens de production et des possibilités de diffusion. Deux grands axes structurent la thèse. D’une part, on étudie une mobilisation des professionnels de ce sous-champ du documentaire ayant eu lieu en 2015, entrant en confrontation avec les institutions régulatrices, en particulier le CNC. Cela permet de voir en quoi ces professionnels forment un « monde social ». Ces confrontations rendent en effet visible une certaine homogénéité d’un groupe pourtant pluriel. D’autre part, on s’intéresse aux pratiques quotidiennes et aux stratégies déployées compte tenu du contexte de production des films. On constate des positionnements allant du compromis vis-à-vis des normes attendues incarnées dans les lignes éditoriales des chaînes de télévisions à la rupture franche avec ces dernières. Il transparaît une volonté de réaffirmer une certaine autonomie, en renonçant à coopérer avec les acteurs hégémoniques et/ou en construisant des alternatives qui investissent notamment les plateformes numériques.
The production context of creative documentaries in France : a social world’s strike
This doctoral thesis deals with professionals working on creative documentaries. These professionals are claiming a strong artistic dimension, while they are opposed to any kind of formatting coming from television channels, main funders and broadcasters of documentaries. Besides, this type of films would also convey a political aspect and trigger viewers’ intelligence by promoting openness to the social world. Through multiple interviews and observations, our scope of work is focused on producers, directors, and broadcasters. Our questioning is to understand how and why these professionals defend their ways of doing, and realisation conditions, facing at the same time the issue of production means and the issue of distribution possibilities. Two main axes are structuring this thesis. On the one hand, we study a professional mobilization that took place in 2015, and directly challenged regulatory institutions, especially CNC. This analysis will permit to discover how these professionals are building their own « social world », and how these confrontations are playing a key role into unifying such a diverse social group. On the other hand, we focus on exploring diverse ways of working to face the difficult production context of these films. Several strategies are adopted from finding a compromise with television channel’s editorial policy to creating a clear fracture. Renouncing this type of cooperation with hegemonic actors is a way to reaffirm a certain autonomy as well as creating and promoting alternative contents that found an echo in digital platforms.
Cette thèse comprend les fichiers suivants :
Cette thèse a donné lieu à une publication
Les conditions de production du documentaire de création en France : enjeux d'une mobilisation professionnelle