Thèse soutenue

La réception et les pratiques d'appropriation de l'immeuble résidentiel "moderne" à Beyrouth entre 1946 et 1990

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Auteur / Autrice : Mazen Haïdar
Direction : Valérie Nègre
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Architecture, ville et environnement
Date : Soutenance le 18/10/2021
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Géographie de Paris. Espace, sociétés, aménagement (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Architecture Urbanisme Société. Savoirs Enseignement Recherche (Paris ; 2010-....)
Jury : Président / Présidente : Virginie Picon-Lefèbvre
Examinateurs / Examinatrices : Valérie Nègre, Bernard Toulier, Filippo De Pieri
Rapporteurs / Rapporteuses : Marlène Ghorayeb, Simona Salvo

Résumé

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Ce travail de thèse met en relation le développement de l’architecture résidentielle dans la ville de Beyrouth avec la réception et les pratiques d’appropriation de ses habitants, de la fin du mandat français, 1943-1946, jusqu’en 1990, année de la fin de la guerre du Liban. À partir de considérations sur les liens existants entre l’objet architectural et les modes d’usage de l’espace domestique, notre recherche explore une articulation entre « histoire savante », inscrite dans une tradition narrative de l’architecture profondément ancrée et partagée, et « histoire populaire », cernée et construite par les modalités d’usage du logement. En engageant une réflexion sur le cycle de transformations régulières ou irrégulières de l’immeuble résidentiel, notre travail cherche à reconstituer l’histoire de l’urbanisation de Beyrouth sous l’angle de l’évolutivité et de l’adaptabilité du bâti aux exigences des usagers. Dans le but de contribuer à la connaissance de la ville, notre thèse interroge ainsi les origines des mutations ininterrompues du paysage urbain en abordant la production architecturale du XXe siècle dans toute son épaisseur chronologique. À travers une démarche critique, nous analysons l’impact de l’essor de l’industrie du bâtiment des années 1950-1970 sur le regard porté aux constructions de la période ottomane et mandataire, tout comme les divergences entre l’idéal du logement « moderne » et les dynamiques locales d’appropriation. Déployé en trois parties, notre travail porte tout d’abord sur la place qu’occupe l’immeuble résidentiel construit entre 1946 et 1975 dans l’imaginaire populaire. Dans cette même perspective historique et anthropologique, il aborde ensuite les tendances de transformation, d’adaptation et de réparation opérées par les habitants à l’échelle de l’immeuble et du logement en temps de paix (1946-1975) et de guerre (1975-1990). Attentif à l’hétérogénéité des architectures qui caractérise la ville, un corpus multidisciplinaire formés d’articles de la presse généraliste, d’ouvrages littéraires, de documents radiophoniques et télévisuels, de bâtiments relevés, d’archives d’architectes et de photographies ainsi que de nombreux entretiens a été mobilisé. Cette recherche contribue à l’avancement des connaissances à trois niveaux. D’un point de vue historiographique, elle permet de mettre en valeur un large corpus peu mobilisé dans l’analyse de l’histoire culturelle et sociale de l’environnement bâti à Beyrouth ou dans d’autres villes du Proche Orient. Dans une perspective critique, notre travail met en évidence la place capitale de l’évolutivité du bâti résidentiel dans l’analyse de la réception de la modernité au Liban. Cette recherche permet finalement d’appréhender la question de la patrimonialisation de l’architecture du XXe siècle à partir d’une compréhension plus profonde de sa stratification et transformabilité, en mobilisant une double approche diachronique et synchronique.