Thèse soutenue

Prédire le futur pour contrôler le passé : computations prédictives sous-jacentes aux dynamiques cérébrales du contrôle de la mémoire et leur rôle dans la compréhension de l'évolution du stress post-traumatique après les attentats du 13 novembre

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Auteur / Autrice : Giovanni Leone
Direction : Francis EustachePierre Gagnepain
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 13/12/2021
Etablissement(s) : Normandie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Homme, sociétés, risques, territoire (Rouen)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Caen Normandie (1971-....)
Laboratoire : Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine (Caen ; 2017-....)
Jury : Président / Présidente : Jacques Dayan
Examinateurs / Examinatrices : Francis Eustache, Pierre Gagnepain, Peggy Seriès, Fabien Vinckier, Stéphanie Khalfa
Rapporteurs / Rapporteuses : Peggy Seriès, Fabien Vinckier

Résumé

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Une question encore ouverte en neurosciences cliniques est pourquoi certains individus peuvent surmonter une expérience traumatique, tandis que d’autres restent traumatisés. La persistance de mémoires intrusives, vives et stressantes, est une caractéristique centrale du trouble de stress post-traumatique (TSPT). Cette condition psychiatrique a été longtemps considérée comme un trouble de la mémoire enraciné dans des altérations hippocampiques. Des études récentes ont ainsi proposé que le TSPT soit lié à un dysfonctionnement généralisé du réseau cérébral responsable de la suppression des mémoires intrusives. Le but de cette thèse était d’identifier des marqueurs capables de discriminer et prédire des conséquences résilientes ou pathologiques, suite aux attentats terroristes du 13 novembre 2015 à Paris. Dans une première étude, nous avons utilisé des méthodes de modélisation computationnelle et de connectivité cérébrale pour caractériser deux différents mécanismes, qui sous-tendent le contrôle des mémoires intrusives : le contrôle prédictif et le contrôle réactif. Nous avons trouvé que les personnes qui développaient un TSPT formaient des croyances anormales concernant les mémoires intrusives à venir, accompagnées d’efforts exagérés pour les prévenir, et l’incapacité de se débarrasser des mémoires intrusives qui revenaient à l’esprit. Le déséquilibre entre le contrôle prédictif et le contrôle réactif était corrélé avec une plus grande sévérité des symptômes d’évitement. Dans une deuxième étude, longitudinale, nous avons exploré comment le contrôle de la mémoire et les volumes hippocampiques évoluaient chez les sujets remis du TSPT et les sujets avec un TSPT persistant. Nous avons trouvé que la rémission du TSPT, trois ans après le trauma, était associée à des changements plastiques de l’hippocampe et au rétablissement de l’équilibre entre le contrôle prédictif et le contrôle réactif des mémoires intrusives. Ces deux marqueurs prédisaient ainsi la diminution future des symptômes, cinq ans après le trauma. Ces résultats suggèrent que la plasticité neurocognitive des circuits du contrôle et de la mémoire peut prédire la rémission ou la persistance du TSPT dans le temps.