Thèse soutenue

Architecture, fonctions et symbolique du château médiéval : La Bresse savoyarde du second XIIIe siècle au début du XVe

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Auteur / Autrice : Nicolas Adam
Direction : Élisabeth Sirot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 18/11/2021
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Laboratoire : Histoire, archéologie, littératures des mondes chrétiens et musulmans médiévaux (Lyon ; 1977-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Louis Gaulin
Examinateurs / Examinatrices : Anne Lemonde-Santamaria, Jean-Michel Poisson
Rapporteurs / Rapporteuses : Luc Bourgeois, Mathieu Arnoux

Résumé

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Durant le XIIIe siècle le comté de Savoie est une principauté en pleine expansion. Son développement territorial culmine en 1274, avec l’annexion définitive de la Bresse de l’Ain & de la Dombes, par le mariage du futur Amédée V avec l’héritière de la seigneurie de Bâgé, à la dot de laquelle sont attachés la quasi-totalité des châteaux de la plaine. La fin du XIIIe siècle est également une période de renforcement administratif, qui prend notamment la forme d’un contrôle étroit de comptabilités châtelaines détaillées et justifiées. Ces documents d’une richesse exceptionnelle gardent mémoire de toutes les dépenses et recettes de la châtellenie sur chaque exercice comptable, permettant ainsi de reconstituer, du moins partiellement, l’architecture, l’articulation et la fonction des bâtiments, sur un temps long de la fin du XIIIe siècle au début du XVe. Les mentions enregistrées dans ces comptes indiquent tout à la fois la nature des travaux, des matériaux, les noms des artisans impliqués ainsi que les sommes. Aussi peut-on mesurer non seulement l’importance des sommes engagées pour tel ou tel chantier, mais aussi reconstituer l’agencement des pièces, l’évolution des éléments architecturaux et, en définitive, la vie à l’intérieur de ces places-fortes. Le corpus étudié n’est pratiquement connu que par ces comptes de châtellenie, qui sont souvent la seule source textuelle permettant d’écrire leur histoire, en l’absence bien souvent de données archéologiques précises. Au sein de ces habitats élitaires fortifiés, construits et fondamentalement pensés pour la résidence, une poignée de bâtiments font l’objet de travaux spécifiques et de choix politiques qui montrent effectivement une dimension supplémentaire à leur fonction première. Les comptes se prêtent ainsi, de façon inédite, à une étude du grenier en milieu castral ainsi qu’à une nouvelle réflexion chronologique et fonctionnelle à propos des mottes castrales. Ces bâtiments essentiels, souvent présents de longue date dans les sites étudiés, à l’image des mottes, conservent dans le temps une influence considérable sur les programmes architecturaux mis en place au cours de siècles postérieurs. Et ce au prix parfois d’une mise en danger du site : à Saint-Trivier-de-Courtes une motte est isolée de la fortification et conservée à la fin du XIVe siècle, alors même qu’une armée menace la place et que les comptes mentionnent le risque encouru à ne pas la détruire ; les grains de blés perçus en redevance par les châtelains sont conservés parfois dans des structures de bois, à proximité voire directement à l’intérieur des espaces résidentiels, alors que les incendies sont fréquents comme à Treffort au tout début du XIVe siècle. Toutes ces mentions reflètent naturellement l’importance fonctionnelle de ces bâtiments, mais la seule lecture pratique ne suffit pas à expliquer totalement les choix opérés par les châtelains en Bresse : il faut approfondir l’analyse avec l’apport d’éléments de réflexion politiques et culturels, pour rendre véritablement l’entièreté de son symbole au château médiéval.