Thèse soutenue

Evolution précoce des scalidophores (Ecdysozoa) : apport des fossiles du Cambrien inférieur de Chine

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Auteur / Autrice : Deng Wang
Direction : Jean VannierJian Han
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Paléontologie
Date : Soutenance le 22/02/2021
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Evolution Ecosystèmes Microbiologie Modélisation
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Laboratoire : Laboratoire de géologie de Lyon : Terre, planètes et environnement (Lyon ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Emanuela Mattioli
Examinateurs / Examinatrices : Jean Vannier, Jian Han, Xiaoya Ma, Thomas Harvey, Marie-Béatrice Forel
Rapporteurs / Rapporteuses : Xiaoya Ma, Thomas Harvey

Mots clés

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Résumé

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Les ecdysozoaires sont parmi les animaux les plus abondants (ex : les arthropodes) sur Terre et ont une histoire évolutive extrêmement longue avec un riche registre fossile au Cambrien. Cette thèse se concentre sur l'un des éléments majeurs de la faune ecdysozoaire cambrienne, les vers scalidophores. Le matériel fossile étudié provient : 1) d'assemblages de Small Shelly Fossils (SSF) du Cambrien basal (Fortunien) de la Formation de Kuanchuanpu (Province du Shaanxi, Chine ; env. 535 Ma) et 2) du Cambrien inférieur (Étage 3) du Lagerstätte de Chengjiang (Province du Yunnan), Chine ; env. 518 Ma). Ce sont des fossiles à préservation exceptionnelle qui fournissent des informations clé sur l'histoire évolutive précoce des scalidophores. Les principaux résultats sont les suivants : 1- La découverte d'exuvies montre que les premiers ecdysozoaires se développaient déjà par mues (ecdysis) successives il y a au moins 535 millions d'années. Ceci confirme que les vers scalidophores de la Formation de Kuanchuanpu sont les plus anciens ecdysozoaires connus. 2- Nous montrons également que la surface externe de la cuticule de ces vers du Cambrien basal porte un fin réseau hexagonal de taille micrométrique. Il est interprété comme la réplique fidèle des limites intercellulaires de l’épithélium sous-jacent, comme cela est observé chez les vers priapulidés actuels. 3- Grâce à des spécimens des Lagerstätten de Chengjiang et Xiaoshiba (respectivement, env. 518 et 514 Ma), l'anatomie et le mode de vie de Selkirkia ont été ré-explorés et plus précisément la formation du tube et sa relation avec le corps de l’animal. Le tube était probablement sécrété par les cellules épithéliales du tronc et renouvelé périodiquement par ecdysis non-synchrone. Le processus de mue de Selkirkia implique que le ver quittait temporairement son tube et restait enfoui dans le sédiment jusqu'au renouvellement de sa cuticule. Des brachiopodes épibiontes donnent également des informations précises sur l'habitat endobenthique de Selkirkia, sans doute proche de l'interface eau-sédiment. 4- Des œufs conservés in situ dans la cavité interne de Selkirkia sont interprétés comme des ovocytes (œufs non fécondés) plutôt que des embryons précoces. Ceci indique que l'organisation générale des gonades femelles chez les vers scalidophores est restée pratiquement inchangé depuis le début du Cambrien. Ces résultats fournissent, pour la première fois, des informations clé sur les organes reproducteurs et le développement pré-embryonnaire des ecdysozoaires ancestraux (Scalidophora). La taille relativement grande (abondantes réserves probables) et le faible nombre d'ovocytes suggèrent que la stratégie de reproduction de Selkirkia était comparable à celle des priapulidés méiobenthiques modernes et que l'énergie investie par ce ver cambrien était orientée vers la qualité plutôt que vers la quantité. 5- Une nouvelle phylogénie des Scalidophora est proposée sur la base de données morphologiques augmentées, d’une réévaluation des caractères et de l’utilisation de diverses méthodes cladistiques. La parsimonie maximale (Heuristic TBR, TNT, and TreeSearch), and la plausibilité maximale résolvent des topologies dans lesquelles les priapulidés actuels forment un clade frère de Selkirkia et des paléoscolécidés, et où les Loricifera et Kinorhyncha se ramifient à la base. En revanche, les méthodes bayésiennes sans contrainte indiquent une position plus basale de Selkirkia (groupe frère de Palaeoscolecida + Scalidophora). La force de ce modèle est testée en imposant un squelette (backbone) lors de l'analyse bayésienne. La topologie résultante présente une similitude globale avec la topologie TreeSearch non pondérée et donne des moyennes harmoniques légèrement meilleures que le modèle sans contrainte. Un meilleur traitement des états inapplicables a permis à la parcimonie à converger avec la vraisemblance bayésienne, en supposant un modèle avec les Loricifera et Kinorhyncha en position basale.