Thèse soutenue

Les lécithines végétales comme vecteurs d’acide alpha-linolénique : impacts métaboliques et inflammatoires associés à la biodisponibilité intestinale

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Auteur / Autrice : Chloé Robert
Direction : Marie-Caroline MichalskiCarole Vaysse
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie moléculaire et structurale, biochimie
Date : Soutenance le 29/01/2021
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Interdisciplinaire Sciences-Santé (Villeurbanne ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : Université Claude Bernard (Lyon ; 1971-....)
Laboratoire : Cardio-Vasculaire, Métabolisme Diabétologie et Nutrition (Lyon)
Jury : Président / Présidente : Noël Peretti
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Caroline Michalski, Carole Vaysse, Jean-Charles Martin, Claire Bourlieu-Lacanal, Didier Majou
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Charles Martin, Claire Bourlieu-Lacanal

Résumé

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Au vu de l’attrait grandissant pour les produits d’origine naturelle et des données récentes concernant les effets délétères de certains émulsifiants synthétiques sur la santé métabolique et intestinale, l’utilisation d’additifs au sein des aliments fait débat. Cependant, certains émulsifiants naturels présentent un intérêt particulier. En effet, il a été montré qu’une supplémentation en lécithines végétales exerce des effets lipo-régulateurs et anti-inflammatoires, et permettrait d’améliorer l’absorption intestinale des acides gras, notamment du fait que ceux-ci sont alors portés par des phospholipides. Certaines lécithines, comme les lécithines de colza et de soja, offrent un atout supplémentaire : elles sont riches en acide α-linolénique (ALA), un oméga 3 essentiel, dont la majorité de la population française est déficiente. Mais le potentiel de ces lécithines à améliorer les apports en ALA, comparativement à une huile, est méconnu. Par ailleurs, leur impact en tant qu’ingrédient dans l’alimentation occidentale sur la santé métabolique et intestinale reste mal caractérisé. Dans un premier temps, nous avons tenté d’évaluer la capacité des lécithines à augmenter la biodisponibilité de l’ALA, par rapport à une huile. Pour ce faire, des rats porteurs d’une dérivation du canal lymphatique ont reçu par administration intragastrique différents mélanges huileux contenant une même quantité d’ALA, mais des doses croissantes de lécithine de colza. Nous avons ainsi mis en évidence que l’administration de lécithine de colza permet d’induire une augmentation dose-dépendante de l’absorption des lipides et de l’ALA, mais que cet effet ne devient significatif qu’à des doses de supplémentation (<10%). Au-delà d’un effet quantitatif, la lécithine de colza entraîne une apparition plus précoce de l’ALA dans la lymphe. En complément, deux études chez la souris ont été menées afin de déterminer la capacité des lécithines de colza et de soja à augmenter la biodisponibilité de l’ALA en tant qu’ingrédient, à court terme (5 jours) au sein d’un régime normolipidique, ou à long terme (13 semaines) au sein d’un régime hyperlipidique de type occidental. Les résultats complètent les données obtenues en aigu chez le rat, en démontrant que des doses nutritionnelles de lécithines ne suffisent pas à augmenter la biodisponibilité de l’ALA, par rapport à une huile, que ce soit à court ou à long terme. En parallèle, ces études ont permis d’évaluer l’impact de doses nutritionnelles de lécithines végétales sur des paramètres métaboliques et inflammatoires, ainsi que sur le microbiote intestinal. A ces doses (<10%), les lécithines végétales ne modulent pas le métabolisme postprandial des lipides, ni les concentrations de lipides circulants à jeun. Après seulement 5 jours, elles engendrent des modulations bénéfiques du microbiote intestinal, en augmentant l’abondance fécale de Clostridium leptum, un groupe bactérien associé à des effets anti-inflammatoires. Par ailleurs, un effet différentiel des lécithines végétales est observé à court terme sur les acides biliaires et, à long terme, sur la prise de poids et l’adiposité, en faveur de la lécithine de colza. En effet, ajoutée à des doses nutritionnelles (10% des lipides totaux), la lécithine de soja annihile les effets protecteurs de l’ALA sur la prise de poids et l’adiposité engendrées par une diète hyperlipidique délétère, tandis que ces effets sont maintenus avec la lécithine de colza. L’ensemble de ces données précliniques offre des premiers résultats rassurants et encourageants quant à l’utilisation de lécithines végétales en tant qu’émulsifiants dans les aliments. Ainsi, même si elles ne permettent pas d’améliorer la biodisponibilité de l’ALA, elles semblent pouvoir engendrer des effets bénéfiques sur le microbiote intestinal. Enfin, au vu de ses effets spécifiques, la lécithine de colza apparaît comme un ingrédient à haut potentiel nutritionnel et substitut prometteur aux émulsifiants synthétiques.