Thèse soutenue

Etude des modifications du métabolisme énergétique de repos des patients atteints de Sclérose latérale amyotrophique

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Auteur / Autrice : Philippe Joseph Maurice Fayemendy
Direction : Pierre JésusJean-Claude Desport
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie, médecine et santé
Date : Soutenance le 25/06/2021
Etablissement(s) : Limoges
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences Biologiques et Santé (Limoges ; 2018-2022)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Epidémiologie des Maladies Chroniques en zone Tropicale
Jury : Président / Présidente : Agathe Raynaud-Simon
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Jésus, Jean-Claude Desport, Philippe Couratier
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Corcia, Marie-Astrid Piquet

Résumé

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L’altération de l’état nutritionnel lors de la Sclérose latérale amyotrophique (SLA) est liée à une diminution des prises alimentaires et/ou une augmentation de la dépense énergétique de repos (DER). L’hypermétabolisme (HM), défini par un pourcentage de variation de DER (ΔDER) supérieur à +10% entre la DER mesurée en calorimétrie indirecte et la DER calculée par équations prédictives, est décrit dans 50 à 60% des cas de SLA. Si l’HM n’est pas compensé par l’alimentation, il expose le patient au risque de dénutrition, facteur de mauvais pronostic. Le dépistage de l’HM apparait donc comme essentiel pour repérer les situations les plus à risque de dénutrition et proposer des mesures adaptatives. Cependant, l’existence de l’HM n’est pas consensuelle, et il persiste de nombreuses questions quant à la notion de modification de la DER lors de la SLA.Une première étude retrouvait, chez 315 patients souffrants de SLA, une DER mesurée systématiquement supérieure à la DER calculée par 12 équations prédictives (p<0,0001). Selon l’équation testée, l’HM concernait 35,2% à 76,3% des patients, et 14,6% à 53,3% des cas présentaient une ΔDER > +20%. Les patients avec une ΔDER > +20% selon les équations de Harris et Bénédict de 1919 et leurs versions révisées de 1984 avaient un risque de décès majoré, respectivement de 42% (p=0,01) et 38% (p=0,02). Avec ce même seuil de ΔDER selon la formule de Mifflin, l’évolution fonctionnelle (p=0,02) et respiratoire (p=0,003) étaient plus délétères et la survie plus altérée (p=0,003).Dans une seconde étude, le niveau métabolique était clairement plus élevé chez 287 patients souffrants de SLA en comparaison à celui de 78 témoins sains (1500 versus 1230 kcal/jour, p<0,0001). L’HM, concernant 55% des patients contre seulement 13,3% des témoins (p<0,0001), était fortement, positivement et significativement associé à la maladie (ORajusté=9,5 [4,5-20,1], p<0,0001). Même en cas de ΔDER inférieure au seuil de +10%, la DER était plus élevée chez les patients comparativement aux témoins (p=0,0008).Une troisième étude testait l’exactitude de la DER calculée par 11 équations prédictives, par rapport à DER obtenue en calorimétrie indirecte chez 315 patients. La concordance des formules était modérée (coefficient de corrélation intra-classe [CCI] variant de 0,60 à 0,71), le pourcentage de bonnes prédictions faible (27,3% à 57,5% des cas) et la sous-estimation fréquente (31,7% à 71,4% des cas). Les équations existantes n’étant pas adaptées à la SLA, une formule spécifique était créée et testée : la concordance entre la DER mesurée et celle obtenue par cette formule était très bonne (CCI = 0,85), le pourcentage de bonnes prédictions était amélioré (65%) et la sous-estimation de la DER nettement diminuée (17,5%). Dans une quatrième étude menée sur la même cohorte, 55,2% des patients présentaient un HM et 23,3% un HM sévère (ΔDER > +20%). Comparativement aux sujets sans HM, les patients avec un HM sévère avaient une proportion de masse grasse au diagnostic plus faible (29,7% versus 32,1%, p=0,005) et une tendance au déclin fonctionnel plus rapide lors du suivi (p=0,07). En analyse univariée, l’HM sévère avait tendance à majorer le risque de décès comparativement à l’absence d’HM (Hazard ratio =1,33 [0,99-1,79], p=0,055). Au total, les études montrent que la DER est réellement augmentée lors de la SLA. Ces modifications concernent tous les patients. L’HM affecte plus de la moitié des patients et pourrait être un marqueur de la maladie. Il existe désormais une formule prédictive de la DER applicable dans la SLA, qui représente un recours à la calorimétrie indirecte. L’HM, surtout lorsqu’il est sévère, modifie la composition corporelle au diagnostic et semble être un facteur de mauvais pronostic pour l’évolution fonctionnelle, respiratoire et la survie. L’ensemble renforce l’importance de l’évaluation métabolique, pour adapter les besoins énergétiques et dépister les situations les plus à risque d’évolution délétère.