Thèse soutenue

Accès à la reproduction chez Silene dioica : une espèce dioïque entomophile

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Auteur / Autrice : Estelle Barbot
Direction : Mathilde Dufaÿ
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie de l'environnement, des organismes, des populations, écologie
Date : Soutenance le 12/04/2021
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la matière, du rayonnement et de l'environnement (Villeneuve d'Ascq, Nord)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Evolution, Ecologie et Paléontologie (Evo-Eco-Paléo) - Évolution- Écologie et Paléontologie (Evo-Eco-Paleo) - UMR 8198 / Evo-Eco-Paléo
Jury : Président / Présidente : Joël Cuguen
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle De Cauwer, Sylvie Oddou Muratorio, Jacqui Shykoff
Rapporteurs / Rapporteuses : Patrice David, Joëlle Ronfort

Résumé

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L’accès à la reproduction chez les plantes zoogames est conditionné par les pollinisateurs, qui assurentles transferts de pollen entre individus. En ce sens, les traits floraux liés à l’attraction des pollinisateurs et/ou quioptimisent le prélèvement ou le dépôt de pollen par les pollinisateurs devraient être sous sélection sexuelle. Cettecomposante de la sélection naturelle agit en effet sur les traits qui affectent l’accès aux partenaires sexuels et/ou auxgamètes du sexe opposé. En raison de l’anisogamie, la théorie prédit que le succès reproducteur acquis via la fonctionmâle devrait dépendre plus fortement de l’accès aux partenaires que le succès reproducteur acquis via la fonctionfemelle, résultant en des patrons de sélection différents entre fonctions sexuelles. Cependant, rares sont les étudesportant sur les plantes (i) qui ont estimé la sélection sur les traits floraux chez les deux sexes ou fonctions sexuelles, ou(ii) qui se sont intéressées explicitement à la sélection sexuelle en termes de diversité de partenaires reproducteurs. Cetravail de thèse vise ainsi principalement à comprendre les patrons de sélection sur les traits floraux chez une espècedioïque entomophile, Silene dioica, à l’aide de diverses méthodes expérimentales. En introduction, les études portantsur la sélection sexuelle chez les animaux sont confrontées à celles portant sur la sélection sur les traits floraux, afinde tenter de définir un cadre conceptuel dans lequel étudier la sélection sexuelle chez les plantes zoogames. Dansle premier chapitre, les approches classiquement utilisées pour étudier la sélection sexuelle chez les animaux sontassociées à celles classiquement utilisées pour étudier la sélection médiée par les pollinisateurs, afin d’identifier lestraits sous sélection sexe-spécifique. Le second chapitre se focalise sur deux traits floraux probablement importantspour l’attraction des pollinisateurs, le nombre de fleurs et l’émission d’odeur, exacerbés à l’aide de manipulationsphénotypiques. Cette méthode permet ainsi de dissocier la sélection de fécondité de la sélection liée à l’attractiondes pollinisateurs, deux composantes de la sélection naturelle agissant potentiellement sur les traits floraux. Parailleurs, les pressions de sélection exercées sur les traits floraux par les pollinisateurs diurnes versus nocturnes sontcaractérisées, via une manipulation de l’accès des plantes aux deux cohortes de pollinisateurs. Dans le troisièmechapitre, les effets du contexte démographique et écologique en termes d’accès au pollen sont caractérisés in natura,par le biais de la charge pollinique. En conclusion, les résultats de ces chapitres sont abordés en synergie afin decomprendre comment les patrons de sélection sexe-spécifiques sur les traits floraux s’accordent avec la théorie etcomment ils dépendent du contexte spatio-temporel. Il ressort de l’ensemble de ces résultats que les traits florauxfemelles sont principalement sous sélection de fécondité, tandis que la sélection sur les traits floraux mâles sembleêtre davantage liée au moins partiellement à l’attraction des pollinisateurs. Par ailleurs, les mâles sont plus limitésdans leur succès reproducteur par la diversité des partenaires reproducteurs, comparés aux femelles, ce qui semblese manifester par une forte sélection sexuelle sur la phénologie de floraison pour augmenter l’accès aux femelles.En perspective, les implications de l’approche utilisée dans la caractérisation des patrons de sélection sexuelle sontdiscutées.