Thèse soutenue

Instabilités morphologiques des surfaces vicinales durant la croissance épitaxiale

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Auteur / Autrice : Lucas Benoit-Maréchal
Direction : Michel JabbourPere Roca i Cabarrocas
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Mécanique des fluides et des solides, acoustique
Date : Soutenance le 17/12/2021
Etablissement(s) : Institut polytechnique de Paris
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'Institut polytechnique de Paris
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : École polytechnique (Palaiseau, Essonne ; 1795-....)
Laboratoire : Laboratoire de mécanique des solides (Palaiseau, Essonne)
Jury : Président / Présidente : Mathis Plapp
Examinateurs / Examinatrices : Michel Jabbour, Pere Roca i Cabarrocas, Vesselin Tonchev, Axel Voigt, Eliot Fried
Rapporteurs / Rapporteuses : Vesselin Tonchev, Axel Voigt

Mots clés

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Résumé

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L'étude de la dynamique des marches sur les surfaces vicinales est un problème de longue date dans le domaine de la croissance cristalline, qui remonte aux travaux précurseurs de Burton, Cabrera et Frank (BCF) en 1951. Sur ces surfaces, le cristal croît par écoulement de marches, qui peuvent développer des instabilités rompant la configuration initiale de marches droites et équidistantes. La mise en paquet correspond à des situations où les marches coalescent, telles que se développe à la surface un motif de larges terrasses plates séparées par des paquets de marches, et le méandrage à des situations où les marches initialement droites développe une ondulation disctincte.En utilisant le formalisme de la thermodynamique hors-équilibre et des forces configurationnelles, nous dérivons une relation de Gibbs-Thomson généralisée pour le potentiel chimique des marches qui tient compte ab initio de la contribution du substrat élastique et incorpore le couplage nécessaire entre les champs de diffusion de terrasses adjacentes (l'effet chimique). Cela conduit à un problème à frontière libre qui généralise le modèle BCF, et où les termes dynamiques sont pleinement pris en compte. Ce faisant, nous contournons l'approximation quasi-statique qui prévaut dans la littérature existante.Grâce à des simulations numériques poussées, les lois d'échelle régissant le mûrissement de la mise en paquet sont identifiées. En prenant la limite continue des équations de l'écoulement de marches, nous aboutissons à une équation aux dérivées partielles non-linéaire, qui décrit l'évolution macroscopique du profil de la surface, à partir de laquelle nous retrouvons les lois d'échelle obtenues numériquement. Enfin, et c'est un des résultats clés de notre travail, nous démontrons que les effets chimique et dynamique à eux seuls peuvent expliquer le déclenchement de la mise en paquet ainsi que les lois d'échelle observées expérimentalement pour leur mûrissement.Avec pour dessein une analyse générale de la stabilité, nous discutons de l'influence de chaque mécanisme, agissant indépendamment ou de concert, sur les instabilités de mise en paquet et de méandrage, et nous démontrons l'impact significatif des effets chimique et dynamique sur la stabilité, et ce, même dans le régime de déposition/évaporation lente où les termes dynamiques étaient considérés comme négligeables. Nous mettons ainsi en évidence la possible coexistence des instabilités de mise en paquet et de méandrage, contrairement au modèle BCF qui prévoit que les deux instabilités sont mutuellement exclusives.À la lumière de ces résultats, nous montrons que les effets chimique et dynamique offrent des explications alternatives intéressantes pour expliquer les instabilités observées dans certaines expériences, notamment dans le cadre de l'électromigration sous un flux de déposition extrême pour laquelle nous prédisons correctement l'instabilité inexpliquée d'appariement des marches. Toutefois, une explication complète des inversions de stabilité observées sur Si(111) sous électromigration reste un problème ouvert car les effets chimique et dynamique n'affectent pas la dépendance de la stabilité àla direction du courant d’électromigration.