Thèse soutenue

Essais Empiriques en Economie Publique et Politique

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Auteur / Autrice : Emilie Sartre
Direction : Pierre CahucÉdouard Challe
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 27/09/2021
Etablissement(s) : Institut polytechnique de Paris
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'Institut polytechnique de Paris
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en économie et statistique (France)
établissement opérateur d'inscription : École nationale de la statistique et de l'administration économique (Palaiseau, Essonne)
Jury : Président / Présidente : Alessandro Riboni
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Cahuc, Édouard Challe, Alessandro Riboni, Ekaterina Zhuravskaya, Laurent Simula, Stefanie Stantcheva, Jesse Shapiro
Rapporteurs / Rapporteuses : Ekaterina Zhuravskaya, Laurent Simula

Résumé

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Cette thèse de doctorat est à l’intersection entre l’économie publique et politique. Fondée à partir d’une approche empirique, elle explore certaines problématiques touchant les démocraties occidentales en ce début de XXI siècle: telles que l’augmentation de la dette publique, le populisme ou encore la ségrégation partisane. Les deux premiers chapitres se concentrent sur les conséquences de l’exposition du secteur public à l’innovation financière, en évaluant les aspects politiques et économiques. Le premier chapitre étudie les effets de chocs d’endettement locaux sur l’activité économique, lorsque le niveau d’endettement est particulièrement élevé. A partir de deux chocs exogènes qui ont affecté l’endettement public des municipalités françaises exposées au Franc Suisse, je parviens à distinguer l’effet d’un choc informationnel sur l’endettement public d’une réelle augmentation de la dette publique. Je trouve qu’une couverture médiatique défavorable sur l’endettement public est suffisante pour affecter la marge intensive des établissements étudiés. Une montée réelle de l’endettement local peut au contraire engendrer des effets persistants sur l’activité économique locale, en augmentant les fermetures d’établissements. L’endettement public peut donc fortement impacter l’activité économie locale. Le second chapitre est co-écrit avec Gianmarco Daniele et Paul Vertier. Afin d’explorer la montée du populisme, il propose un nouveau mécanisme entre populisme et crises financières: la révélation de scandales financiers. A l’aide de données administratives et collectées, ce chapitre prend appui sur l’affaire en 2011 des emprunts toxiques. En utilisant une stratégie d’identification par variable instrumentale, nous observons aux élections municipales de 2014 les résultats suivants: i) une candidature populiste de droite, comme de gauche, est plus probable dans les municipalités concernées – ce qui entraîne une augmentation du vote populiste, ii) cette affaire fut suffisante pour propulser les partis populistes – indépendamment de chocs économiques adverses, iii) l’entrée des partis populistes est renforcée par les facteurs usuels de la montée du populisme - ce qui fait des scandales financiers un mécanisme distinct mais complémentaire à la littérature sur le populisme. Le troisième chapitre n’est pas relié en soi au populisme mais enquête sur l’évolution de la demande politique au cours du temps, dans un monde qui tend à être polarisé. Ce chapitre est co-écrit avec Jacob Brown, Enrico Cantoni, Ryan Enos et Vincent Pons. A notre connaissance, il est le premier à utiliser des données de panel au niveau individuel pour tester la montée de la ségrégation partisane aux Etats-Unis au cours de la dernière décennie. A partir de plusieurs sources de données, nous mettons en évidence une augmentation de la ségrégation partisane entre 2008 et 2020 aussi bien au niveau des districts congressionnels, qu’à celui des comtés ou encore à celui d’unités géographiques inférieures. Nous montrons notamment que la ségrégation partisane n’apparaît pas davantage dans les zones rurales que dans les zones urbaines mais que la vision de deux Amériques divisées ne peut être que renforcée par cette dernière – avec une augmentation en faveur des Démocrates dans les zones urbaines et en faveur des Républicains dans les zones rurales. Ce dernier chapitre propose également pour la première fois une décomposition de la montée de la ségrégation partisane en différents facteurs. Dans les zones à tendance républicaine, la ségrégation partisane s’accompagne de changements de préférences au sein de l’électorat – avec une part croissante de Démocrates devenant Républicains. Dans les zones à tendance Démocrate, ce sont au contraire des changements de composition de l’électorat et particulièrement, une dynamique intergénérationnelle qui contribuent à la montée de la ségrégation partisane.