Thèse soutenue

Valoriser la diversité des raisonnements des acteurs dans l'accompagnement d’une transition agroécologique

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Auteur / Autrice : Gwen Christiansen
Direction : Laurent HazardJean Simonneaux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Agrosystèmes, Écosystèmes et Environnement
Date : Soutenance le 04/01/2021
Etablissement(s) : Toulouse, INPT
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences écologiques, vétérinaires, agronomiques et bioingénieries (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : AGroécologie, Innovations, TeRritoires (Castanet-Tolosan, Haute-Garonne ; 2003-....)
Jury : Président / Présidente : Paul Olry
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Hazard, Jean Simonneaux, Paul Olry, Pascal Lièvre, Marjolein Visser
Rapporteurs / Rapporteuses : Lorène Prost, Chris Blackmore

Résumé

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De nombreux acteurs de l’agriculture se détournent du système conventionnel et développent des systèmes agricoles plus vertueux sur les plans social, économique et environnemental. Ils s’engagent ainsi dans une transition dite « agroécologique ». Les structures d’accompagnement des agriculteurs peinent à les assister dans cette transition indéterminée, où ils quittent une situation non désirée sans avoir une vision clairement définie de la situation alternative qu’ils construisent. Dans cet accompagnement, il est crucial de prendre en compte les raisonnements que les acteurs de terrain élaborent à propos de cette transition. Ceux-ci sont diversifiés et intègrent leurs connaissances dans différents domaines (économique, social, environnemental, politique), leurs valeurs et les incertitudes qu’ils perçoivent. Une des difficultés dans l’accompagnement de démarches collectives réside dans la gestion de cette diversité, aussi bien au sein de chaque raisonnement individuel qu’entre les raisonnements des différents acteurs. L’accompagnement procède donc souvent d’une réduction rapide de cette diversité par la recherche de consensus et d’alignement des acteurs sur un objectif commun. Or, la diversité des raisonnements a été considérée comme une ressource pour aborder la complexité des situations. Comment caractériser et valoriser la diversité des raisonnements des acteurs pour développer leurs capacités individuelles et collectives à réaliser une transition agroécologique ? Quels apprentissages découlent de la valorisation de cette diversité ? Nous avons conduit un travail de recherche action au sein du Partenariat Européen d’Innovation « Dispositif d’Innovations Agroécologiques Locales », porté par la Chambre d’agriculture de l’Aveyron, et réunissant une diversité d’acteurs agricoles du Parc Naturel Régional des Grands Causses. Pour les accompagner, nous avons conçu, organisé et animé une démarche prospective participative avec quatre ateliers collectifs et deux séries d'entretiens individuels, avant et après ces ateliers. Pendant les entretiens individuels, les acteurs ont produit des cartes de raisonnement représentant de manière systémique leurs raisonnements sur la conduite de la transition agroécologique. La démarche prospective a permis aux acteurs de faire un état des lieux de la situation agricole sur leur territoire, d’identifier les évolutions en cours, des évolutions souhaitées et des pistes d’actions pour construire un futur en phase avec leurs aspirations. Les pistes d'action collectives définies par ces acteurs ont été formalisées dans une plaquette largement diffusée aux autres acteurs de l'agriculture sur leur territoire. A l’issue de la démarche prospective, les raisonnements individuels des acteurs restent diversifiés, tout en intégrant des éléments issus du travail collectif. Ils montrent tous des signes d'une agentivité accrue suite aux ateliers : leurs raisonnements sont davantage contextualisés (contextes local et global), pro-actifs dentification de leviers d'action plus accessibles, changement de perception des incertitudes) et plus systémiques (nouveaux acteurs, échelles de réflexion et liens entre domaines de l'agroécologie). Les acteurs ayant participé à cette démarche expriment une vision humaine et sociale de l’agroécologie : fondée sur des capacités humaines et reposant sur un plus grand nombre d’agriculteurs résidant dans un « territoire vivant », en plaçant les solutions techniques et technologiques comme secondaires dans le processus de transition. Tout au long de cette démarche, les enjeux ressentis à l’échelle de leur territoire, comme la déprise rurale, sont fortement ressortis. En revanche, les enjeux écologiques visibles à l’échelle nationale ou mondiale ont été peu évoqués. Cette approche soulève donc aussi la question de l’accompagnement des acteurs locaux dans la réponse aux défis globaux liés à une transition agroécologique.