Thèse soutenue

Modélisation des couches limites stables en Antarctique : calibration et analyse de sensibilité de la paramétrisation de la turbulence du modèle ARPEGE-Climat

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Auteur / Autrice : Olivier Audouin
Direction : Fleur CouvreuxRomain Roehrig
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Océan, Atmosphère, Climat
Date : Soutenance le 31/05/2021
Etablissement(s) : Toulouse, INPT
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l’univers, de l’environnement et de l’espace (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Groupe de Météorologie Expérimentale et Instrumentale (Toulouse)
Jury : Président / Présidente : Serge Chauzy
Examinateurs / Examinatrices : Fleur Couvreux, Romain Roehrig, Jean-Luc Redelsperger, Etienne Vignon, Aurélien Ribes
Rapporteurs / Rapporteuses : Hubert Gallée, Frédérique Cheruy

Résumé

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La modélisation numérique du climat est un outil essentiel pour comprendre le fonctionnement du système climatique et pour réaliser des projections de son évolution future. Pourtant les modèles numériques de climat comportent de multiples sources d’incertitude. Parmi celles-ci, la représentation des phénomènes de couches limites stables reste un point sur lequel les modèles numériques doivent progresser. Les couches limites stables les plus extrêmes sont observées sur le plateau Antarctique. Une bonne modélisation de cette région dans les modèles numériques repose sur une bonne représentation des échanges d’énergie au sein de la couche limite et en particulier des flux turbulents. Or dans un modèle de climat, les processus turbulents, ainsi que tout phénomène non résolu par la composante dynamique du modèle reposent sur un ensemble de « sous-modèles » appelés paramétrisations physiques. Ces para-métrisations, en simplifiant les processus physiques en jeu, introduisent des paramètres dont les valeurs sont plus ou moins bien documentées et qui peuvent être considérés comme les leviers de réglage du modèle. L’étape cruciale de la calibration du modèle vise à choisir les valeurs de ces paramètres. L’approche classique consiste à chercher un réglage du modèle optimal sur la base d’un jeu de métriques. C’est un travail long et fastidieux, dans lequel on fait varier un ou deux paramètres à la fois et qui ne permet pas d’explorer l’ensemble des possibilités de réglage du modèle. De plus les sources d’incertitudes ne sont pas toujours prises en compte et l’ensemble de la procédure est peu documentée, peu formalisée, et peu reproductible. Une approche inspirée de l’History Matching a été récemment proposée pour calibrer la physique des modèles atmosphériques. Cette approche propose non pas de chercher un réglage optimal des paramètres, mais de déterminer une région de l’espace des paramètres dans lequel le modèle se « comporte bien ». Associée à l’utilisation d’émulateurs statistiques simulant le comportement du modèle de climat, elle permet de répondre à une partie des problèmes posés par une approche plus classique. Le travail réalisé au cours de cette thèse se propose de documenter à travers une hiérarchie de configurations le comportement du modèle numérique ARPEGE-Climat sur l’Antarctique. Ces simulations mettent en évidence un biais froid sur le plateau continental. Une modification empirique du calcul de l’albédo de la neige corrige partiellement ce biais durant la période de l’été austral, soulignant l’importance de sa paramétrisation pour la représentation du climat antarctique. Une étude plus détaillée sur Dôme C indique que le modèle ARPEGE-Climat peine à représenter les couches limites stables. Le modèle reproduit ce type d’erreur sur le cas de couche limite stable GABLS4 et dans une moindre mesure sur le cas GABLS1. Une approche de type History Matching est appliquée à une version 1D du modèle pour comprendre dans quelle mesure ces erreurs relèvent d’un choix de réglage du modèle ou de limites intrinsèques de sa physique. On montre ainsi que le modèle ARPEGE-Climat contient la physique suffisante pour représenter toute une gamme de couches limites stables. De plus la force de cette méthode est de pouvoir utiliser l’information obtenue dans le cadre 1D pour calibrer le modèle 3D, tout en garantissant un comportement satisfaisant sur les couches limites stables. Ce travail a également été l’occasion de contribuer au développement d’un outil basé sur ces techniques d’History Matching et mis à la disposition de la communauté de la modélisation du climat, et de discuter la pertinence de ces nouvelles approches.