Thèse soutenue

Accélération de particules dans les magnétosphères de trous noirs de Kerr

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Auteur / Autrice : Benjamin Crinquand
Direction : Guillaume DubusBenoït Cerutti
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Astrophysique et milieux dilues
Date : Soutenance le 09/07/2021
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale physique (Grenoble ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble
Jury : Président / Présidente : Gilles Henri
Examinateurs / Examinatrices : Monika Moscibrodzka, Frédéric Vincent
Rapporteurs / Rapporteuses : Frédéric Daigne, Serguei Komissarov

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Les trous noirs sont à l'origine de nombreux phénomènes astrophysiques de haute énergie, tels que les noyaux actifs de galaxie (AGN). L'activité des trous noirs se manifeste souvent par le lancement d'un jet relativiste de particules énergétiques. Cependant, les mécanismes de formation des jets et d'accélération de particules restent mal compris. Si les trous noirs n'étaient autrefois observés qu'indirectement, à travers leur impact sur leur environnement, la situation a considérablement évolué ces dernières années grâce aux récents progrès instrumentaux. Des télescopes Tcherenkov ont détecté des éruptions de rayonnement non thermique de très haute énergie, variant sur de faibles échelles de temps, en provenance d'AGN. Par ailleurs, la collaboration GRAVITY a rapporté la présence d'un point chaud en orbite près du trou noir supermassif Sgr A*, tandis que le jet émis par le trou noir supermassif M87* a pu être observé par interférométrie radio jusqu'à des échelles proches de l'horizon des événements du trou noir. Finalement, en avril 2019, la collaboration Event Horizon Telescope (EHT) a publié la première image de « l'ombre » de M87*. Pour la première fois, le voisinage immédiat du trou noir a pu être résolu spatialement. Pour modéliser cette activité, l'un des scénarios les plus prometteurs implique un trou noir en rotation rapide immergé dans un champ magnétique à grande échelle: c'est le mécanisme de Blandford-Znajek. L'entraînement de l'espace-temps et des lignes de champ magnétique par le trou noir induit une différence de potentiel entre ses pôles, pouvant alimenter un vent électromagnétique et déclencher l'accélération de particules. Les excellentes performances des supercalculateurs les plus récents permettent désormais de tester ce scénario dans les moindres détails. Jusqu'à présent, seule l'approche magnétohydrodynamique a été utilisée pour modéliser les magnétosphères de trous noirs. Ces simulations ont montré avec succès la viabilité du mécanisme d'extraction électromagnétique de l'énergie de rotation du trou noir. Cependant, elles demeurent incapables d'étudier l'accélération de particules énergétiques. Nous utilisons plutôt l'approche « particle-in-cell » (PIC), afin de modéliser un plasma à partir de principes fondamentaux. Tous les processus plasma impliqués dans l'accélération des particules peuvent être simulés sans aucune approximation physique. Une telle approche est justifiée lorsque le plasma est non collisionnel, comme aux environs du trou noir supermassif au centre de notre galaxie. Les simulations PIC ont été utilisées avec succès pour étudier l'accélération de particules dans les magnétosphères de pulsars, mais elles n'ont jamais été employées dans ce contexte.Dans cette thèse, j'ai utilisé le code PIC Zeltron, qui est le premier code cinétique multidimensionnel incluant complètement la relativité générale. J'ai amélioré Zeltron en y incluant la possibilité de suivre des photons individuels, et j'ai implémenté un module Monte-Carlo afin de traiter rigoureusement le transfert radiatif. Je présente des simulations globales de gaps dans une magnétosphère de trou noir, qui prouvent que le mécanisme de Blandford-Znajek peut effectivement être activé de manière auto-cohérente. J'ai localisé la position de ces gaps et montré que la création de paires se produit de manière intermittente, sur des échelles inférieures au rayon du trou noir. Je présente également des simulations dans une configuration magnétique plus réaliste, prouvant que l'énergie électromagnétique peut être dissipée très efficacement par reconnexion magnétique. Finalement, afin de combler le fossé entre les simulations et les observations, j'ai couplé Zeltron avec un code de tracé de rayons, ce qui me permet d'utiliser directement les résultats de simulations cinétiques pour produire des courbes de lumière et des images synthétiques.