Thèse soutenue

Les populations travaillent avec la nature pour co-produire l'adaptation aux changements globaux dans les Alpes françaises

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Enora Bruley
Direction : Sandra LavorelBruno Locatelli
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biodiversité écologie environnement
Date : Soutenance le 24/02/2021
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale chimie et science du vivant (Grenoble ; 199.-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'écologie alpine (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Philippe Bourdeau
Examinateurs / Examinatrices : Sandra Lavorel, Bruno Locatelli, Nicholas Cradock-Henry, Elsa Berthet, Delphine Renard-Merlier
Rapporteurs / Rapporteuses : Nathalie Frascaria Lacoste, Unai Pascual

Résumé

FR  |  
EN

Pour répondre aux objectifs de développement durable dans le contexte du changement climatique, il est désormais urgent pour les sociétés de s'adapter afin de maintenir leur bonne qualité de vie. Celle-ci dépend en grande partie du bon état des écosystèmes et des bénéfices que les sociétés en retirent. Pour relever ce défi, les sociétés doivent rechercher des trajectoires d'adaptation vers un avenir souhaitable, garantissant un usage durable des ressources naturelles. Au cours des dernières décennies, la recherche environnementale a exploré les contributions des écosystèmes au bien-être humain et, plus récemment, leur rôle dans l'adaptation des sociétés aux changements globaux. De nombreuses études se sont focalisées sur l’efficacité et la mise en œuvre de ces « adaptations basées sur les écosystèmes ». Si ces solutions sont de plus en plus considérées pour répondre aux besoins d’adaptation, leur rôle au sein des trajectoires d’adaptation des socio-écosystèmes (SES) reste peu étudié. Mes travaux visent à mieux comprendre comment les écosystèmes peuvent être mobilisés dans les trajectoires d'adaptation aux changements climatiques et socio-économiques des SES. J'ai étudié comment les écosystèmes ont été mobilisés dans la trajectoire passée et l'état actuel d'un SES de montagne : le Pays de la Meije situé dans les Alpes françaises. J'ai également étudié comment ils pourraient être mobilisés dans les futures trajectoires d'adaptation. J’ai développé un cadre conceptuel basé sur celui de l’IPBES et sur le concept associé de « contributions de la nature aux populations » (NCP), considérant que les NCP sont co-produites par l’homme et la nature. Cette approche permet de prendre en compte l’ensemble des capitaux anthropiques et naturels impliqués à chaque étape de la production de bénéfices matériels ou immatériels (Gestion des écosystèmes ; Mobilisation physique et accès à la nature ; et Appropriation et appréciation des bénéfices). J’ai mis en place un processus participatif consultatif basé sur les connaissances, les perceptions et les visions d’une grande diversité d’acteurs locaux et régionaux suivant 4 étapes : (1) Comprendre le fonctionnement actuel du SES au travers des interactions homme/nature participant à la qualité de vie ; (2) Retracer sa trajectoire passée depuis 1900 et caractériser les mécanismes d'adaptation basés sur les écosystèmes ; (3) Co-produire une vision d’avenir pour 2040 et identifier les objectifs d’adaptation basé sur les écosystèmes ; et (4) Co-produire des trajectoires d’adaptation pour atteindre cette vision et identifier les freins et leviers à sa mise en œuvre.J’ai montré que la co-production simultanée de multiples NCP contribue aux principales dimensions de qualité de vie en lien avec le tourisme, l’agriculture et la vie locale. Les adaptations passées ou issues des objectifs de la vision future, reposent sur des changements de co-production des NCP. Elles se traduisent par des reconfigurations des capitaux en réponse à des facteurs souvent externes au SES. J’ai observé un gradient de réponses adaptatives selon l'intensité de la reconfiguration des capitaux menant à la résistance, l’ajustement ou la transformation du SES. J’ai mis en évidence des synergies entre les co-productions formant des fenêtres d’action pour l’adaptation future des communautés locales afin de maintenir le SES dans la trajectoire désirée. Ces fenêtres concernent notamment la gestion collective des écosystèmes ou la création d’opportunités pour l’agriculture. Actions dont la mise en place rencontre de nombreuses barrières humaines et sociales. Ainsi, d’importantes transformations du système social sont requises pour activer les leviers nécessaires, tels que la démocratisation de l’action collective, l’innovation sociale ou encore les connaissances et moyens pour des pratiques adaptatives. Cette approche pourrait permettre une meilleure prise en compte du rôle des écosystèmes dans les stratégies d’adaptation des territoires.