Habiter, extraire, enfouir : imaginaires nucléaires dans l'art contemporain (1970-2020)
Auteur / Autrice : | Maria Kyveli Mavrokordopoulou |
Direction : | Maria Stavrinaki |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Arts : histoire et théorie |
Date : | Soutenance le 29/11/2021 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Sophie Houdart |
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Houdart, Jean-Michel Durafour, Amanda Boetzkes, Emanuele Coccia, Katja Kwastek | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Houdart, Jean-Michel Durafour |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
L’art s’est, de longue date, emparé du nucléaire, notamment à partir des grandes techno-catastrophes nucléaires, militaires comme civiles. À l’encontre de cette poursuite d'images spectaculaires, les artistes étudiés dans cette thèse plongent, eux, dans des histoires nucléaires souterraines et des terrains enfouis. Ils et elles investissent ces lieux d’activités variées ainsi que leurs traces : abris antiatomiques (« habiter »), mines d’uranium (« extraire »), et, plus récemment, sites d’enfouissement de déchets radioactifs (« enfouir »), autant d’espaces essentiels pour garder sous silence et tenir hors de vue le projet atomique. Ils et elles abordent les territoires nucléaires dans leur verticalité plutôt que dans leur horizontalité. En mobilisant des concepts issus de la sociologie et de l’histoire des sciences et des techniques, ici complémentaires à l’histoire de l’art et l’esthétique, nous faisons l’hypothèse que le regard vertical pratiqué par ces artistes fait émerger des points aveugles de l’histoire nucléaire. Ce changement de focale, de la surface au sous-sol, entraîne une transformation temporelle, qui met en avant la temporalité non-humaine, tout comme la violence environnementale continue, mais souvent inaperçue, des radiations. Il permet aussi d’aller au-delà de l’invisibilité radioactive pour traiter de son envers : l’invisibilisation de différents acteurs et et l’inégale répartition des dégâts de l’industrie atomique. À partir de cette perspective vers le bas, notre étude reconstitue cette géographie souterraine, à travers un corpus d’œuvres produites depuis les années 1970, que nous mettons en dialogue avec des imaginaires scientifiques concomitants.