Thèse soutenue

Stratégie de repositionnement thérapeutique pour la SLA/DFT liée à la mutation p.Ser59Leu dans le gène CHCHD10

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Auteur / Autrice : Baptiste Ropert
Direction : Véronique Paquis-Flucklinger
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé
Date : Soutenance le 13/12/2021
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la vie et de la santé (Sophia Antipolis, Alpes-Maritimes)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Côte d’Azur (2020-....)
Laboratoire : Institut de recherche sur le cancer et le vieillissement (Nice)
Jury : Président / Présidente : Vincent Procaccio
Examinateurs / Examinatrices : Vincent Procaccio, Timothy Wai, Déborah Tribouillard-Tanvier, Thomas Langer
Rapporteurs / Rapporteuses : Vincent Procaccio, Timothy Wai

Mots clés

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Résumé

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Les maladies mitochondriales sont des maladies métaboliques caractérisées par une atteinte de la chaîne respiratoire, c’est-à-dire un déficit de production d’énergie sous la forme d’ATP. En 2014, l’équipe du Pr. Paquis-Flucklinger a analysé plusieurs patients d’une même famille atteints de myopathie mitochondriale couplée à une atteinte du motoneurone de type Sclérose Latérale Amyotrophique/Démence Fronto Temporale. L’équipe a découvert par séquençage d’exome la mutation p.Ser59Leu dans le gène CHCHD10. Ce gène code pour la protéine mitochondriale CHCHD10, dont la fonction était alors inconnue. Notre équipe a pu montrer que la mutation p.Ser59Leu provoque la désorganisation du complexe MICOS, un complexe multi protéique dont le rôle est de maintenir l’intégrité des crêtes mitochondriales, provoquant la myopathie mitochondriale et l’atteinte du motoneurone. Il s’agissait de la première évidence d’un lien de causalité entre une atteinte mitochondriale et la mort des motoneurones. La Sclérose Latérale Amyotrophique est une maladie neurodégénérative terrible qui provoque la mort des motoneurones des patients. Ceci provoque une paralysie progressive des muscles du corps, entrainant la mort du patient entre deux et trois ans après le début des symptômes, lorsque la paralysie atteint le système respiratoire. Aucun traitement curatif n’existe aujourd’hui. C’est ce qui nous a amené à commencer ce projet de thèse : essayer de trouver une molécule pouvant améliorer les symptômes dus à la mutation p.Ser59Leu et qui pourrait devenir un médicament contre cette maladie.Pour cela nous avons réalisé un crible de deux banques de molécules repositionnables, la banques Prestwick et la banque Selleckchem. Nous avons opté pour des molécules repositionnables dans le but d’écourter au maximum le temps de mise sur le marché d’une potentielle molécule efficace. Dans un premier temps, nous avons réalisé un crible haut débit sur un mutant de levure S.cerevisiae reproduisant la désorganisation du complexe MICOS. Ce premier crible nous a permis de tester plus de 1500 molécules et de trouver deux molécules efficaces sur ce modèle. Après les premiers tests toxicologiques effectués sur des cellules humaines, nous nous sommes concentrés sur l’une d’entre elle, le Nifuroxazide. Nous avons pu montrer que le Nifuroxazide permet d’améliorer les phénotypes délétères liés à la mutation p.Ser59Leu dans des fibroblastes de patients mais également dans des motoneurones issus d’IPSCs porteurs de la mutation p.Ser59Leu. Le Nifuroxazide permet notamment de retrouver des crêtes mitochondriales normales et d’augmenter la longueur du réseau mitochondrial. Nous avons ensuite essayé de comprendre le mécanisme d’action du Nifuroxazide. Nous avons pu montrer que l’action du Nifuroxazide ne dépend pas de STAT3 mais qu’il permet d’augmenter l’interaction entre Mic60, le composant majeur du complexe MICOS et OPA1, un autre acteur majeur du maintien des crêtes mitochondriales. Les investigations sont toujours en cours sur cet aspect. La prochaine étape est de réaliser un test préclinique chez la souris. Pour cela nous allons utiliser le modèle murin CHCHD10S59L/+ que nous avons caractérisé et qui reproduit les phénotypes observés chez les patients porteurs de la mutation p.Ser59Leu. Nous avons également travaillé à mieux comprendre la cascade moléculaire qui provoque la désorganisation des crêtes mitochondriales. Nous avons montré que les protéines CHCHD10 et SLP2 contribuent à la stabilité du complexe PHB1/PHB2. Nous avons également démontré, en conditions p.Ser59Leu, la formation de complexes SLP2/PHB et la déstabilisation du complexe PHB1/PHB2, ce qui active la protéase OMA1 qui clive alors OPA1 et entraine la désorganisation du complexe MICOS et la perte des crêtes mitochondriales.Cette thèse à permit de mieux comprendre les mécanismes liés à CHCHD10 et de placer les bases pour ce qui, nous espérons, deviendra dans le futur, un traitement contre la SLA/DFT.