Reconnaissance et dynamique récente des habitats forestiers dans le contexte de la Directive Habitats-Faune-Flore
Auteur / Autrice : | Lise Maciejewski |
Direction : | Jean-Claude Gégout |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie et écologie des forêts et des agrosystèmes |
Date : | Soutenance le 28/01/2021 |
Etablissement(s) : | Paris, AgroParisTech |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale SIReNa - Science et ingénierie des ressources naturelles (Lorraine ; 2018-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Silva (Lorraine ; 2018-....) |
Jury : | Président / Présidente : Sylvain Plantureux |
Examinateurs / Examinatrices : Sylvain Plantureux, Déborah Closset-Kopp, Emmanuel Corcket, Marianne Bernard, Frédéric Archaux, Miquel De Caceres, Clémence Chaudron | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Déborah Closset-Kopp, Emmanuel Corcket |
Mots clés
Résumé
En 1992 en Europe, grâce à la Directive Habitats-Faune-Flore, les habitats naturels sont devenus des objets à conserver au même titre que les espèces, élargissant ainsi le domaine d’actions des politiques publiques à un autre niveau d’organisation de la biodiversité. Mais la reconnaissance tardive de leur valeur de conservation, ainsi que des lacunes dans leurs définitions sont en partie responsables de l’absence de séries temporelles de données sur les habitats à l’échelle nationale. Cela limite notre capacité à surveiller et évaluer leur état de conservation, et à adapter les actions de conservation aux niveaux national et local. Les objectifs de cette thèse sont d’abord d’explorer des approches rapides et formalisées de reconnaissance des habitats forestiers afin de pouvoir ensuite étudier leur dynamique récente au regard de deux grands changements survenus au cours des dernières décennies : le réchauffement climatique et la création du réseau Natura 2000.Nous avons d’abord étudié les incertitudes liées à la reconnaissance des habitats forestiers lors du rattachement d’un relevé floristique à un type d’habitat en comparant cinq experts et trois programmes automatiques de classement. Nous avons mis en évidence la forte variabilité de classement entre experts, et l’efficacité des programmes automatiques qui est comparable à celle des experts. Nous avons également montré que pour la reconnaissance des habitats forestiers, un nombre limité d’espèces est suffisant, et qu’il est possible d’utiliser des relevés réalisés en hiver. Ainsi, nous avons pu créer des séries temporelles de données standardisées sur les habitats forestiers à partir de différentes sources d’inventaires floristiques, rattachés ou non à un type d’habitat.Dans un second temps, la création de 5701 couples de relevés floristiques historiques (avant 1987) et récents (après 1997) a permis de mettre en évidence, en montagne, un changement de 11% des couples vers des habitats forestiers caractéristiques de conditions climatiques plus chaudes. L’augmentation de la dominance de ces habitats nous permet de conclure à une thermophilisation des habitats forestiers en montagne. Cependant, aucun changement significatif n’a été observé en plaine, ce qui conduit à un décalage important entre les exigences thermiques des communautés végétales et les températures actuelles : une dette climatique se développe. Face à des impacts différenciés, nous concluons que les politiques publiques pourraient être mises en place et priorisées de façon différente en montagne et en plaine pour être plus efficaces.Enfin, en étudiant 155 sites Natura 2000 français répartis sur tout le territoire métropolitain tempéré et montagnard, nous avons montré que, depuis la mise en place du réseau, l’augmentation de la quantité des très gros bois sur les zones où ils sont présents est significativement plus forte à l’intérieur du réseau Natura 2000 qu’à l’extérieur. Ainsi, nous avons mis en évidence que les actions de conservation mises en place dans les forêts au sein du réseau Natura 2000, qui sont gérées et exploitées, ont déjà eu des effets positifs sur les très gros bois, considérés comme une caractéristique de vieilles forêts, et utilisés aussi comme indicateur de biodiversité et du bon état de conservation des habitats forestiers.Ce travail de thèse était nécessaire pour compléter les nombreuses études déjà disponibles à l’échelle des espèces et des communautés végétales, car pour être efficace il est indispensable de travailler à la conservation de tous les niveaux d’organisation de la biodiversité simultanément. Connaitre les domaines de validité des moyens de reconnaissance des habitats forestiers, mais aussi comprendre leur dynamique récente et les facteurs qui l’influencent permettent de fournir des éléments pour mettre en place un suivi des habitats forestiers et adapter les politiques publiques et les actions de gestion afin d’en améliorer l’efficacité.