Thèse soutenue

L’espace muséographique au Japon : concepts et spécificités de la mise en exposition des œuvres dans les musées d’art
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Auteur / Autrice : Giada Ricci
Direction : Nicolas Fiévé
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire de l'art
Date : Soutenance le 17/01/2020
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)
Laboratoire : Centre de recherche sur les civilisations de l'Asie orientale (Paris ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Dominique Poulot
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Fiévé, Dominique Poulot, Vincent Lefèvre, Frédéric Girard
Rapporteurs / Rapporteuses : Dominique Poulot, Vincent Lefèvre

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Au croisement de disciplines telles que l’architecture, la muséologie, la muséographie-scénographie, l’histoire des musées et de l’architecture, et avec l’objectif de dépasser l’approche historique et la simple description, cette recherche étudie l’espace muséographique dans les musées d’art au Japon. Depuis la première apparition dans le vocabulaire japonais du mot « musée d’art », bijutsukan, à l’occasion de la participation du Japon à l’Exposition universelle de Vienne en 1873, les musées du XXIe siècle portent des valeurs esthétiques et culturelles spécifiquement japonaises. Cette recherche s’interroge sur l’évolution des musées dans le temps, à travers l’étude des typologies de musées et d’expositions, entre lieux d’expérience esthétique et espaces de sociabilité. L’architecture japonaise prémoderne a développé des modalités particulières de création et de construction, notamment une spatialité ouverte sur le paysage, que l’on retrouve dans les réalisations contemporaines. À cet égard la recherche s’appuie sur les traditions pré-Meiji dans l’architecture, religieuse et domestique, et sur les codes de présentation des œuvres. L’approche du statut de l’œuvre d’art muséifiée et la notion de trésor national, kokuhō, ainsi que l’espace muséographique et le rapport à l’œuvre dans les musées d’art, sont considérés en parallèle à certains aspects de l’habitat traditionnel, comme les placements codifiés des peintures et des objets d’art dans le tokonoma. Les pratiques architecturales et muséographiques actuelles sont étudiées à travers les différents aspects de la conception et de l’aménagement de l’espace : de l’architecture du musée à la mise en exposition, jusqu’à la perception des œuvres. L’exposition est entendue comme communication de sens, l’espace muséographique comme espace culturel et physique, empreint de symboles, depuis l’approche classique de présentation, purement esthétique, à l’évolution contemporaine vers un espace conceptuel d’interprétation. La lecture de l’espace muséographique comme communicateur de sens et du parcours d’exposition comme espace-temps passe par la définition des termes et des notions spatiales, en tant qu’expression d’une forme de pensée de l’espace. Dans le but de cerner le lien entre les œuvres et l’espace muséographique, perçu comme support de contenu, cette recherche considère le dispositif spatial et les modes d’exposer dans leurs spécificités. Le musée est un espace public où une intimité doit pouvoir se créer avec l’œuvre exposée. Ainsi les espaces d’exposition se chargent pour le visiteur d’une émotion et d’une valeur presque affective. La littérature japonaise contribue à éclairer cet aspect de la perception du musée dans la société et dans l’imaginaire japonais. Par un travail de simplification et de synthèse dans la conception des espaces, en reprenant certaines pratiques spatiales de l’architecture prémoderne, les musées au Japon ont développé des modalités propres de création et de construction de l’espace. Construire en revisitant la tradition est la manière spécifiquement japonaise de faire revivre le patrimoine dans l’architecture et l’espace du musée, qui s’exprime notamment par l’attention à la nature, l’emplacement dans le site et le choix des matériaux, l’intimité du rapport intérieur-extérieur, le parcours et l’articulation des espaces. Alliant esthétique et fonctionnalité, qualité architecturale et environnementale, qualité muséographique et conservation des œuvres, les musées et les aménagements muséographiques contemporains, souvent l’œuvre d’architectes japonais reconnus internationalement, se révèlent ainsi des réalisations exemplaires et cohérentes, qui expérimentent avec succès une architecture d’interrelations complexes dans une vision du musée ouvert aux visiteurs, aux sensations et au monde.